Vous êtes ici
La politique bruxelloise en matière de drogues est incohérente et pas suffisamment coordonnée

« On ne saurait dire de manière raisonnable que la politique bruxelloise en matière de drogues est efficiente et efficace. » C’est ce qu’affirme la Cour des comptes alors qu’une étude universitaire avait déjà abouti à la même conclusion l’année dernière. « Pendant ce temps, Bruxelles fait face à une épidémie de crack sans précédent et à la violence de gangs urbains dans les rues », explique le député bruxellois Mathias Vanden Borre.
Le verdict de la Cour des comptes est sans appel : « Une évaluation de la politique est impossible. Aucun rapport n’est établi, il n’y a pas d’inventaire global des mesures prises et il n’y a aucune coordination formelle institutionnalisée entre les trois acteurs safe.brussels, Transit asbl et la Commission Communautaire Qualifie tout ce qui a trait aux rapports entres les régions et les communautés. Ces rapports sont réglés par une législation linguistique détaillée datant de 1966 et les six réformes de l’État, de 1970 à ce jour. Il n’est toutefois pas uniquement question de conflits de nature culturelle et linguistique mais également de visions diamétralement opposées concernant la politique socio-économique, la migration, la justice, etc. Un déficit démocratique s’est créé avec deux opinions publiques scindées. communautaire commune. »
Chaos et anarchie
Une étude à grande échelle relative à la politique belge en matière de drogues menée l’an dernier par l’UGent, l’Université Catholique de Louvain et la KU Leuven avait déjà abouti à une conclusion similaire : la politique en matière de drogues est trop fragmentée et manque d’une vision claire. « Avec la création de salles de consommation, la majorité semble indiquer que les drogues sont acceptables et que Bruxelles fait un premier pas vers la légalisation. Et ce, alors que le gouvernement fédéral cherche à imposer des amendes pour leur possession. Les plans fédéraux et régionaux sont inconciliables. Cela va conduire au chaos et à l’anarchie sur le terrain », estime Vanden Borre.
Plus le temps
Pour Vervoort, ce manque de coordination et de suivi s’explique par le fait que l’on n’en soit toujours qu’à l’élaboration de la deuxième édition du plan régional de sécurité. Le nouveau plan 2025-2029 devra notamment assurer une meilleure coordination entre les différents acteurs. Mais pour Vanden Borre, il n’y a plus de temps à perdre : « Des mesures doivent et peuvent être prises dès maintenant. Transit asbl doit être intégrée à safe.brussels et le plan régional de sécurité doit remplacer les plans zonaux de sécurité. Le premier plan régional de sécurité faisait en effet de la lutte contre la drogue et la toxicomanie l’une des priorités. Mais toutes les zones de police n’ont pas repris cette priorité dans leur plan zonal de sécurité, ce qui était pourtant le but. Des efforts supplémentaires doivent par ailleurs être consentis en matière de répression et d’application administrative. Bruxelles est loin derrière les villes flamandes et européennes sur ce plan », conclut Vanden Borre.