Les citoyens paient le prix fort pour l’échec géopolitique de l’Europe

13 octobre 2021
Johan Van Overtveldt

Sous la pression des États membres, la Commission européenne propose aujourd’hui un plan visant à faire face à la hausse des prix de l’énergie. Il s’agit d’une sorte de guide de bricolage contenant différents conseils et suggestions à l’intention des États membres. Le Conseil européen se penchera lui aussi sur la question la semaine prochaine. L’eurodéputé Johan Van Overtveldt se montre sceptique. « La perte de crédibilité de l’Europe sur le plan géopolitique aboutit à des solutions ad hoc et à une politique de réaction à chaud. La Belgique souffre du même mal. Il n’est jamais question de solutions structurelles à long terme. »

Réaliste et abordable

Cela fait des années que la N-VA souligne l’importance d’objectifs climatiques et énergétiques réalistes et abordables, en tenant compte de la concurrence équitable, de la Compétitivité La mesure dans laquelle des entreprises implantées dans un pays peuvent faire concurrence aux mêmes entreprises dans un autre pays. Depuis 1996, il existe en Belgique une loi visant à surveiller la compétitivité. Elle dispose que les charges salariales ne peuvent pas évoluer plus rapidement que la moyenne de nos trois pays limitrophes. Le CCE (Conseil Central de l’économie) mesure chaque année si cet objectif est atteint. compétitivité des entreprises et de l’acceptation par les citoyens. « On s’est souvent moqué de notre mantra réaliste et abordable. On nous a accusés de manquer d’ambition. Maintenant que des prix imprévisibles et en hausse touchent durement les citoyens au porte-monnaie, les moqueries font place à la panique et à l’improvisation. Pour nous, faire preuve d’ambition, c’est se pencher en détail sur la faisabilité pratique et financière de la nécessaire transition climatique et énergétique », explique Van Overtveldt.

Hausse des prix

Le prix élevé de l’énergie s’explique en partie par les problèmes liés à la demande et à l’offre sur le marché du gaz. Pour le gaz, l’UE est presque entièrement dépendante des importations, notamment en provenance de Russie. « Poutine promet que davantage de gaz sera acheminé vers l’Europe, mais la question est de savoir si ce sera réellement le cas. Les engagements de la Russie vis-à-vis de la Chine risquent en effet de compliquer les choses. On parle également de manipulation du marché par Gazprom. Avec plusieurs collègues, nous avons demandé à la Commission de se pencher sur la question. Le risque qu’une telle situation se reproduise à l’avenir est par ailleurs bien présent. Pour finir, la hausse du prix du CO2 (60 euros par tonne actuellement) rend le gaz plus intéressant en tant que substitut du charbon et du pétrole, ce qui aggrave encore la pénurie et fait augmenter les prix. Le risque de hausse des prix est donc encore loin d’avoir disparu », estime Johan Van Overtveldt.

Besoin de réformes structurelles

L’UE peut-elle conclure des contrats à long terme avec les fournisseurs d’énergie ? Ce n’est pas certain, d’autant plus que ces régimes ne sont pas les plus stables. Le défi consiste donc à garantir la sécurité de l’approvisionnement et l’autonomie géostratégique. « L’énergie nucléaire peut jouer un rôle fondamental dans ce cadre. La France a annoncé vouloir investir un milliard d’euros dans l’énergie nucléaire. Elle dirige par ailleurs un groupe de 10 États membres ayant demandé explicitement à la Commission de reconnaître l’énergie nucléaire en tant qu’investissement durable. » L’UE doit ensuite mieux chiffrer l’abordabilité des différents plans. Aujourd’hui, c’est la classe moyenne et tous ceux qui travaillent, épargnent et entreprennent qui paient les pots cassés, sans la moindre compensation. Nous devons pour finir miser sur l’innovation afin que l’énergie abordable et pauvre en carbone devienne la norme.

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