Salaires minimums bruts plus élevés : la recette de la pauvreté

6 mai 2021
Bart De Wever | Lorin Parys

« La somme fédérale de deux démocraties rend impossible toute politique ambitieuse au niveau du marché du travail permettant d’atteindre un taux d’emploi de 80 %. D’où notre demande de transférer ce domaine aux entités fédérées », expliquent le président de parti Bart De Wever et le député flamand Lorin Parys sur tijd.be.

« Jobs, jobs, jobs. » Tel était le crédo du précédent gouvernement fédéral. Sous la coalition suédoise, dont faisait partie la N-VA, plus de 300 000 nouveaux emplois nets ont été créés. Le résultat de mesures politiques mûrement réfléchies. Des efforts ont certes été nécessaires, comme la modération salariale et le Saut d’index La Belgique est l’un des rares pays à avoir instauré une indexation automatique. Grâce à ce mécanisme, les salaires et allocations sociales sont adaptés en fonction de l’inflation. Comme les salaires augmentent parallèlement au coût de la vie, il se crée un risque de handicap salarial, ce qui endigue la compétitivité. Le saut d’index, qui consiste à ne pas appliquer temporairement l’adaptation automatique de l’indice, offre une solution à ce problème. saut d’index , mais les charges sur le travail ont dans le même temps été réduites, ce qui nous a permis d’améliorer notre Compétitivité La mesure dans laquelle des entreprises implantées dans un pays peuvent faire concurrence aux mêmes entreprises dans un autre pays. Depuis 1996, il existe en Belgique une loi visant à surveiller la compétitivité. Elle dispose que les charges salariales ne peuvent pas évoluer plus rapidement que la moyenne de nos trois pays limitrophes. Le CCE (Conseil Central de l’économie) mesure chaque année si cet objectif est atteint. compétitivité . Résultat : le moteur à emplois s’est mis en marche et le pouvoir d’achat a fortement augmenté.

La loi sur la norme salariale, source de nombreuses tensions au sein de la majorité actuelle ces dernières semaines, a également été entièrement réformée par la coalition suédoise. Tant qu’il n’y aura pas de concertation salariale décentralisée au niveau des secteurs et des entreprises permettant une plus grande liberté de négociation d’un ensemble global, la loi sur la norme salariale révisée restera la meilleure garantie de notre compétitivité.

Pour que cette loi continue d’exister actuellement, les libéraux devront en payer le prix : notamment l’une augmentation des salaires minimums bruts de plus de 20 % à terme. D’après le président du PS Paul Magnette, cela fait partie intégrante de l’accord qui vient d’être conclu. Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) plie ainsi devant une exigence du PS, du PTB et de la radicale FGTB.

En Belgique, le salaire minimum brut interprofessionnel actuel s’élève à 1 626 euros et fait partie des plus élevés d’Europe. Un salaire minimum sectoriel encore plus élevé est par ailleurs en vigueur dans de nombreux secteurs. Si l’augmentation notable de ce montant peut paraître positive et sociale de prime abord, dans la pratique, c’est la garantie d’une perte de compétitivité, d’une destruction d’emplois et au final de plus de pauvreté.

En augmentant les salaires minimums bruts, le PS prétend réduire le nombre de « working poors », alors que le problème de la Belgique est en réalité son nombre trop élevé de « non working poors ». Un problème amené à s’aggraver.

Paradoxalement, les conséquences d’un salaire minimum brut plus élevé seraient les plus néfastes à Bruxelles et en Wallonie, dont les taux d’emploi sont respectivement de 61,3 % et 64,6 % à peine, contre environ 75 % en Flandre. Les groupes les plus vulnérables de la société, comme les jeunes, les personnes peu qualifiées, les allochtones et les chômeurs de longue durée, seront particulièrement touchés, car ils auront plus de mal à trouver un emploi.

Le fait que les partis au pouvoir dans ces régions depuis des décennies, qui n’ont pas obtenu le moindre résultat, puissent imposer une politique de « retour du cœur » au niveau fédéral est la conséquence de l’absence de majorité flamande au gouvernement.

Starter jobs

Cette mesure porte également atteinte à la politique de création d’emplois fructueuse menée par la coalition suédoise, avec ses starter jobs consistant à l’inverse en une diminution des coûts salariaux minimums bruts pour les jeunes travailleurs (-18 % à 18 ans, -12 % à 19 ans et -6 % à 20 ans) avec maintien du salaire net. Nous avons ainsi pu créer des emplois pour les jeunes vulnérables et garantir leur pouvoir d’achat.

Cette décision du gouvernement actuel concernant les salaires minimums bruts n’est toutefois pas la seule. Récemment, les allocations des chômeurs de longue durée, notamment, ont été augmentées de manière disproportionnée, sans la moindre mesure activatrice supplémentaire. Comme le dit si bien Magnette : « Les socialistes sont de retour ». La création d’emplois n’est plus une priorité et l’on n’entend plus parler de la volonté de relever le taux d’emploi à 80 %. Les souvenirs du gouvernement Di Rupo, lorsque la création d’emplois dans le secteur privé était inexistante, refont surface.

La Belgique n’a pas de problème d’allocations pour les chômeurs de longue durée ou de salaires minimums trop bas. Le véritable problème, entre autres, c’est que les travailleurs sont trop lourdement taxés. Le gouvernement précédent avait fait un énorme pas en avant sur ce plan, en particulier pour les plus bas salaires. Il faut poursuivre dans cette direction.

Le gouvernement De Croo prétend mener une politique très sociale, mais avec des chèques sans provision, des mesures insensées comme l’augmentation du salaire minimum brut et l’absence de véritables réformes, il fait précisément l’inverse. C’est un peu comme pour le climat : le gouvernement prétend être « le plus vert qu’il n’y ait jamais eu », mais dans les faits, il met en péril la réduction des émissions au niveau zéro d’ici 2050 en sortant du nucléaire. Le fossé entre la réalité et la fiction de la coalition Vivaldi se creuse.

La somme fédérale de deux démocraties rend impossible toute politique ambitieuse au niveau du marché du travail permettant d’atteindre un taux d’emploi de 80 %. D’où notre demande de transférer ce domaine aux entités fédérées. La Flandre pourra ainsi prendre des mesures afin de permettre aux entrepreneurs de respirer et de rendre le travail plus intéressant. Et la Wallonie pourra décider d’augmenter les salaires minimums bruts, mais devra en assumer les conséquences sans en faire pâtir la compétitivité flamande. Malheureusement, le silence absolu règne aussi sur le plan institutionnel.

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