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Matthias Diependaele sur Trump : « S’attaquer au libre-échange est une folie »

La décision du président Trump de doubler les droits d’importation sur l’acier et l’aluminium européens laisse aussi des traces en Flandre. Le ministre-président flamand Matthias Diependaele a réagi dans l’émission Terzake : « Entraver le libre-échange, c’est appauvrir tout le monde. Y compris les États-Unis. »
« La stabilité économique est aussi une question de sécurité nationale »
Pour Donald Trump, le relèvement des droits de douane de 25 % à 50 % vise à protéger la sécurité nationale et à renforcer l’autonomie stratégique.
Mais pour Matthias Diependaele, c’est une erreur d’analyse : « La stabilité et la croissance économiques sont, elles aussi, une composante essentielle de la sécurité nationale. Il se trompe lourdement. »
Il soupçonne néanmoins un calcul politique derrière cette décision : « Je reste convaincu qu’il s’agit d’une tactique de négociation. Mais l’homme est difficile à cerner, et il n’a pas peur d’aller très loin. »
« Il ne faut pas se focaliser uniquement sur Trump »
Diependaele veut cependant élargir le débat : « Honnêtement, j’en ai un peu marre que tout tourne toujours autour de Trump. L’Europe doit impérativement travailler sur sa propre Compétitivité La mesure dans laquelle des entreprises implantées dans un pays peuvent faire concurrence aux mêmes entreprises dans un autre pays. Depuis 1996, il existe en Belgique une loi visant à surveiller la compétitivité. Elle dispose que les charges salariales ne peuvent pas évoluer plus rapidement que la moyenne de nos trois pays limitrophes. Le CCE (Conseil Central de l’économie) mesure chaque année si cet objectif est atteint. compétitivité . »
Il cite des chiffres du FMI Le Fonds Monétaire International (FMI) a été fondé en 1945 et est actif dans le domaine financier. Cette institution internationale est gérée et contrôlée par les 188 États qui en sont membres. Outre une stabilité financière, une collaboration monétaire et le commerce international, le FMI promeut et soutient l’emploi, la croissance économique durable et la lutte contre la pauvreté en octroyant des crédits, en offrant un soutien technique, en dispensant des formations spécialisées et en prodiguant des conseils aux autorités. Il surveille également les tendances financières. FMI montrant que des barrières commerciales persistent au sein même de l’Union européenne, équivalant à des droits d’entrée de 40 % sur les biens et de 110 % sur les services. « L’UE doit d’abord mettre de l’ordre dans son marché intérieur. C’est là que nous avons le plus à gagner. »
Quel impact pour la Flandre ? Il est bien réel.
Deux tiers des emplois flamands dépendent des exportations ou des investissements étrangers. L’économie flamande est donc particulièrement sensible aux secousses du commerce mondial. « Nous sommes l’une des économies les plus ouvertes au monde. Bien sûr que cela nous affecte, surtout à long terme. »
Selon Diependaele, la Flandre prend les devants. Elle a mis en place une agenda de productivité pour lutter contre la stagnation de la productivité, et mène un programme de simplification administrative baptisé Regelrecht, en concertation avec les employeurs. La région cherche également de nouveaux débouchés en dehors de l’Europe, notamment via des missions commerciales au Brésil et en Inde.
Des accords commerciaux comme le CETA illustrent selon lui le potentiel : « Depuis l’entrée en vigueur du CETA, nos échanges avec le Canada ont bondi de 75 %. Il y avait des craintes, mais au final, cela nous a été bénéfique. »
« Le plus grand bénéficiaire du libre-échange se retourne aujourd’hui contre le système »
Diependaele conclut avec amertume : « Le pays qui a le plus profité du libre-échange est désormais celui qui cherche à le saborder. C’est tout simplement insensé. »