L’immobilisme politique règne à Bruxelles

9 juin 2025
Cieltje Van Achter

"À mon époque, nous voulions faire réussir Bruxelles.” Ce sont les mots prononcés la semaine passée dans Bruzz par Charles Picqué, ancien ministre-président bruxellois. Une manière feutrée de dire qu’aujourd’hui, le dialogue a cédé la place aux vétos. L’immobilisme politique règne à Bruxelles.

Un an après les élections, certains partis sont encore en mode campagne. Pendant ce temps, Bruxelles s’enfonce dans un marasme budgétaire, et les réformes structurelles se font toujours attendre. Les Bruxellois, pourtant habitués à un certain surréalisme, en deviennent — à juste titre — en colère et découragés. 

Le blocage actuel vient du veto du PS contre mon parti, la N-VA. Un refus dicté par des considérations purement partisanes. Le PS — suivi par DéFI et Écolo — utilise Bruxelles comme arme politique pour freiner l’agenda de réformes du gouvernement fédéral. Or, les Bruxellois ne demandent rien de tout cela. Bien au contraire: en tant que capitale, Bruxelles a tout à gagner d’une bonne coopération avec les gouvernements fédéral et flamand — surtout dans sa situation financière critique. Bruxelles aussi a besoin, plus que jamais, de réformes structurelles.

Le refus d’accepter la majorité flamande à Bruxelles, avec la N-VA, est en outre contraire à la loi spéciale sur Bruxelles. Cette loi repose sur une double majorité, une francophone et une néerlandophone, formées séparément. Il ne s’agit pas d’un simple fait divers, mais du fondement même du modèle bruxellois. Bruxelles est en effet la capitale où les deux communautés se rencontrent. La protection de la minorité néerlandophone dans la capitale a d’ailleurs été instaurée en contrepartie de la protection de la minorité francophone au niveau fédéral. Le PS est-il prêt à renoncer à cette protection fédérale des francophones?

Ce qui me dérange profondément, c’est que les partis qui refusent de nous parler répandent toutes sortes d’excuses gratuites et absurdes. On nous accuse d’être racistes, de ne pas aimer Bruxelles. Les Flamands seraient des citoyens de seconde zone dans leur propre capitale : ils y vivent, y élèvent leurs enfants, mais n’auraient pas, soi-disant, de bonnes intentions pour la ville. Ces accusations sont grotesques. Zuhal Demir serait donc une figure de proue d’un parti raciste ?

Ironie du sort: ce sont précisément ceux qui nous accusent de ne pas aimer Bruxelles qui rendent aujourd’hui la capitale ingouvernable. Qui la précipitent vers la faillite, tant politique que financière. Qui sapent, par là même, la confiance dans un région  autonome et performante. Et s’ils avaient pris la peine de lire notre programme, ils auraient vu qu’il propose un plan de réformes ambitieux pour remettre de l’ordre dans les finances publiques, et pour faire de Bruxelles une région plus propre, plus sûre et plus prospère. C’est ce que beaucoup de Bruxellois attendent.

Malgré tout, je ne cède pas au cynisme. Je continue à croire en une issue. Et je lance un appel à tous ceux qui veulent un avenir meilleur pour Bruxelles et pour nos enfants: asseyons-nous enfin autour de la table. Laissons-nous faire ce pour quoi nous avons été élus. Notre porte est ouverte.

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