Les victimes de violences familiales abandonnées à leur sort à Bruxelles

24 avril 2023
Mathias Vanden Borre

Il ne sera désormais plus interdit aux auteurs d’actes de violence familiale de retourner à leur domicile. Il s’agit d’une des mesures de crise prises par le parquet bruxellois en raison d’une pénurie criante de personnel. Le député bruxellois Mathias Vanden Borre s’inquiète : « Cette impunité réduit tous les efforts politiques à néant. En 2021, nous avons constaté une hausse des violences intrafamiliales, dont les victimes sont principalement des femmes. Il n’y avait déjà pas assez de poursuites pénales à l’époque. Malgré toutes les campagnes médiatiques et tous les beaux discours, les violences familiales restent de facto impunies à Bruxelles. Pire encore : les auteurs pourront à nouveau approcher les victimes. Cela risque de mal finir. »

Dans une lettre adressée aux six chefs de corps de la Région bruxelloise, le parquet explique qu’en raison d’une pénurie de magistrats, il doit prendre plusieurs mesures de crise majeures. Le parquet de Bruxelles ne poursuivra plus aussi bien voire plus du tout certaines affaires. Il ne sera par ailleurs plus interdit aux auteurs d’actes de violence familiale de retourner à leur domicile. Vanden Borre : « Le parquet est placé sous l’autorité directe du ministre de la Justice Van Quickenborne (Open Vld). Nous savons depuis longtemps que la justice est défaillante, en particulier à Bruxelles. Mais sous la Vivaldi, l’impunité semble devenir la norme. »

Six à sept cas par jour

« En 2021, la police a enregistré quelque 2 355 faits de violence physique entre partenaires, soit six à sept cas par jour. Les actes de violence contre les enfants ont également augmenté de 13 % pour atteindre le nombre de 557. En 2021, 66 % des 6 427 affaires pour lesquelles le parquet avait enregistré le code de contexte "violence intrafamiliale" ont fait l’objet d’un classement sans suite », souligne Vanden Borre.

Contre sa propre résolution

En 2020, le Parlement bruxellois avait adopté une résolution relative aux violences intrafamiliales. L’idée était d’intégrer dans le futur plan régional de prévention et de sécurité une stratégie ambitieuse visant à protéger les victimes et à éloigner les auteurs du domicile. « Cette mesure de crise du parquet bruxellois consistant à ne plus imposer d’interdiction de retourner à leur domicile aux auteurs est totalement contraire à cette résolution », déplore Vanden Borre.

« Ne faites pas trop d’efforts »

Le message envoyé par le parquet aux chefs de corps est en réalité le suivant : « Ne faites pas trop d’efforts dans certains dossiers, il n’y aura de toute façon pas de poursuites. » « La motivation des forces de l’ordre va en pâtir. C’est également un très mauvais signal envoyé aux criminels, qui auront l’impression de pouvoir agir en toute liberté. Le sentiment d’impunité était déjà bien présent à Bruxelles, et ces mesures de crise ne vont certainement pas arranger les choses. Le conseil régional de sécurité doit réagir de toute urgence et contraindre le gouvernement fédéral à intervenir. Ce sont les mêmes partis qui abandonnent les victimes à leur sort, après tout », conclut Vanden Borre.

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