La hausse aveugle des objectifs climatiques de l’UE affectera davantage encore le pouvoir d’achat

22 juin 2022
Johan Van Overtveldt

Il y a deux semaines, le vote du paquet de propositions climatiques baptisé « Ajustement à l’objectif 55 » a tourné au fiasco. La réforme du système d’échange de quotas d’émission n’a pas trouvé de majorité et d’autres dossiers connexes ont été retirés par les rapporteurs. Après quelques ajustements par et entre les trois grands groupes au Parlement, les plans ont finalement obtenu le feu vert. La N-VA a voté contre.

« Tout le monde est convaincu de la nécessité d’une transition durable pour l’Union européenne.  Mais cette transition ne doit pas seulement être durable, elle doit aussi offrir une sécurité suffisante, garantir les emplois et rester abordable », explique Johan Van Overtveldt, chargé de suivre le dossier pour la délégation N-VA.

Réforme du système d’échange de quotas d’émission (SEQE)

Lors du vote du 8 juin, la N-VA s’est donc prononcée contre, principalement à cause des ambitions irréalistes et de l’impact de la hausse du prix du carbone sur le prix de l’électricité et la facture des citoyens et des entreprises. L’extension du système aux bâtiments et aux transports est par ailleurs inacceptable. Ces deux problèmes sont toujours bien présents dans les nouveaux textes.

En ce qui concerne l’extinction progressive des quotas gratuits, la N-VA s’en tient à 2034, comme proposé par la Commission européenne, plutôt qu’à 2032. Elle s’est donc abstenue. « Nous sommes favorables à cette mesure, mais elle est nouvelle et doit donc être mise en œuvre avec prudence », explique Geert Bourgeois, chef de la délégation N-VA et coordinateur de la Commission du commerce international. « Nous demandons une évaluation complète et un suivi de l’impact sur les entreprises. Nous devons éviter de perdre des emplois et de la Compétitivité La mesure dans laquelle des entreprises implantées dans un pays peuvent faire concurrence aux mêmes entreprises dans un autre pays. Depuis 1996, il existe en Belgique une loi visant à surveiller la compétitivité. Elle dispose que les charges salariales ne peuvent pas évoluer plus rapidement que la moyenne de nos trois pays limitrophes. Le CCE (Conseil Central de l’économie) mesure chaque année si cet objectif est atteint. compétitivité . »

Le Fonds social pour le climat repose sur du vent

La N-VA s’inquiète par ailleurs de l’impact social de cette politique climatique. La création d’un fonds européen constitue une erreur fondamentale, la politique sociale relevant des États membres. La N-VA souhaite donc une approche décentralisée et ciblée. Le financement de ce fonds repose par ailleurs sur du vent puisqu’il se base sur les revenus de l’échange d’émissions pour les bâtiments et les transports, dont on ne sait pas encore comment il fonctionnera. Ce fonds s’ajoute en outre aux mécanismes de redistribution déjà existants et risque surtout de devenir un fourre-tout dont la Flandre sera contributeur net. La N-VA a donc voté contre. 

Greenflation

« L’inflation actuelle ne s’explique pas seulement par la hausse des prix des carburants fossiles et les perturbations des lignes de production mondiales en raison de la pandémie, mais aussi par une greenflation : une pression à la hausse sur les prix liée à la transition vers une économie verte », explique Van Overtveldt.

Les prix des métaux rares et d’autres matières premières ne cessent d’augmenter. Notre infrastructure n’est par ailleurs pas suffisamment adaptée et des investissements majeurs seront également nécessaires sur ce plan. Une accélération du processus ne ferait que renforcer cette greenflation, avec des conséquences encore plus importantes sur des prix déjà fortement sous pression.

Surenchère d’objectifs climatiques

« Je trouve particulièrement préoccupant de voir certains groupes au Parlement continuer de se livrer à une surenchère d’objectifs climatiques. Ces ambitions extrêmement élevées vont coûter énormément d’argent aux citoyens sous la forme de taxes, à un moment où leur pouvoir d’achat est déjà fortement mis sous pression. J’appelle la Commission européenne à chercher des solutions en vue de notre indépendance énergétique. Elle ne doit surtout pas profiter de la crise pour accélérer la transition verte et faire encore augmenter les prix », conclut Van Overtveldt.

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