En tant qu’acteur international, l’UE doit définir une stratégie efficace pour l’Afrique

« Si l’UE souhaite devenir un véritable acteur sur le plan international, elle doit prendre au sérieux ses relations avec l’Afrique. » L’eurodéputée Assita Kanko qualifie la nouvelle stratégie de l’UE pour l’Afrique de première étape, mais attend maintenant des actes concrets. « Ambition doit être le mot d’ordre. »

La Commission européenne a présenté aujourd’hui sa nouvelle stratégie pour l’Afrique. Elle souhaite améliorer la coopération avec l’Afrique dans cinq domaines : migration et mobilité, maintien de la paix et bonne gouvernance, croissance durable et emplois, transition verte et transformation numérique. Elle entend ratifier cette stratégie lors du sommet UE-Afrique prévu en octobre.

Des Africains ambitieux et entreprenants

Assita Kanko représente l’Union européenne au Parlement panafricain. Elle attend des ambitions concrètes de la part de l’UE. « L’UE promet depuis des années de faire de l’Afrique une priorité, il est maintenant temps d’agir. Cette stratégie doit servir de première étape. L’UE doit enfin se concentrer sur les femmes et les jeunes africains et leurs aspirations pour l’avenir. L’Afrique que je connais abrite certaines des personnes les plus ambitieuses et les plus entreprenantes que je connaisse. L’Afrique met au point des technologies innovantes dans le domaine de l’agriculture et du numérique et est une plaque tournante mondiale de l’art, de la mode et du tourisme. »

L’Afrique en tant que partenaire égal

Pour l’eurodéputée Kanko, il est temps de faire des pays africains de véritables partenaires égaux. « Pendant trop longtemps, le partenariat entre l’UE et l’Afrique a reposé sur l’aide au développement, des idées désuètes sur une Afrique qui n’existe plus et un partenariat commercial qui ne permet pas aux pays africains de créer des marques et des économies mondiales. L’UE doit considérer l’Afrique comme un partenaire pour construire et renforcer les marchés libres mondiaux et défendre un commerce reposant sur des règles à travers le monde. »

La Chine et l’Amérique aux commandes

Si l’Europe n’agit pas rapidement, Kanko craint que la Chine et les États-Unis ne prennent les commandes en Afrique. « Ces deux puissances mondiales injectent déjà des milliards sur le continent. Des milliards appréciés des dirigeants africains, car avec l’UE, ils sont confrontés à un concept de coopération désuet, lent et souvent paternaliste. La coopération au développement reste essentielle, mais devrait davantage être couplée au renforcement de l’enseignement obligatoire, surtout pour les jeunes filles africaines, à des accords efficaces en matière de migration et à des soins de santé performants. »

Un rôle diplomatique dans les conflits latents

Assita Kanko souhaite pour finir que l’Europe prenne l’initiative sur le plan diplomatique. « L’UE doit se demander comment elle peut apporter son aide dans la lutte contre les conflits latents et l’instabilité dans certaines régions d’Afrique. Il suffit de voir la situation précaire dans la région du Sahel pour comprendre que l’UE doit y augmenter et renforcer son engagement diplomatique et pratique. C’est absolument essentiel afin de garantir la stabilité régionale et d’éviter une nouvelle crise des migrants. »

« J’espère que nous pourrons poursuivre l’élaboration de cette stratégie main dans la main avec le continent africain au cours des prochains mois et que l’Europe se demandera enfin ce que l’Afrique attend de l’UE et non plus uniquement ce que l’UE attend de l’Afrique. »