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Green Deal : la Commission peut-elle tenir ses (coûteuses) promesses ?
Le « Green Deal » est la grande fierté de la nouvelle Commission von der Leyen. La Commission est venue décrire ses plans au Parlement européen aujourd’hui. « Il y a un large consensus sur la nécessité d’une transformation durable et l’urgence des défis climatiques. Nous avons maintenant besoin de solutions concrètes, réalisables et abordables. Elles viendront de l’innovation. Les autorités doivent donc la stimuler », estime l’eurodéputé Johan Van Overtveldt. « La proposition ne contient toutefois pas de chiffres et n’est pas étayée. »
Innovation, climat et esprit d’entreprise
Van Overtveldt voit des éléments positifs dans cette proposition. « La Commission propose un plan d’approche intégré avec calendrier. C’est positif, car la lutte contre le changement climatique demande une approche globale impliquant innovation, climat et esprit d’entreprise. L’accent doit être mis sur le progrès, les technologies propres et l’innovation. Pas de catastrophisme, mais la confiance en nos chercheurs et entrepreneurs. Le choix d’une économie plus circulaire est également logique quand on sait que plus de la moitié des émissions de CO2 sont liées à l’utilisation des matériaux. Nous y voyons de nombreuses opportunités pour la Flandre, pionnière de l’économie circulaire. »
Navigation intérieure et rail
« Le déplacement du transport vers la navigation intérieure et le rail est également une bonne chose et démontre l’importance du projet Seine-Escaut reliant Paris et Anvers. Le Rhin de fer, qui relie le port d’Anvers à la Ruhr, mérite également le soutien de l’UE pour avancer. L’UE doit miser davantage sur les liaisons transfrontalières durables, soit le rail et la navigation intérieure », explique le chef de la délégation N-VA Geert Bourgeois.
Aucun chiffre
Mais la N-VA voit aussi de sérieuses lacunes. « Il nous manque des chiffres. Timmermans présente un plan, mais ce que nous voulons, c’est un plan étayé par des chiffres, avec étude d’impact. La Commission pense avoir besoin de centaines de milliards d’euros par an. Ce sont des investissements gigantesques. Et déterminants pour le nouveau plan financier pluriannuel. Un plan plein d’ambition mais non étayé risque de manquer sa cible et de perdre le soutien des citoyens européens. »
Achat du soutien via des Transferts Les flux monétaires de la Flandre vers Bruxelles et la Wallonie sont appelés des transferts. Le montant des transferts par le biais du budget fédéral, de la loi de financement et de la sécurité sociale serait de 6 à 7 milliards d’euros par an, voire de 11 milliards d’euros s’il est tenu compte du remboursement de la dette. Le montant des transferts est toujours contesté du côté francophone où les transferts sont considérés comme une mesure de solidarité. Une étude du Vives (KULeuven) a démontré que les transferts ne servent pas la solidarité mais ont plutôt un effet paralysant sur la croissance tant de l’économie wallonne que de l’économie flamande. transferts
La proposition de « Fonds pour une transition équitable », qui doit permettre aux régions fortement dépendantes des carburants fossiles de réaliser la transition énergétique, est reportée à janvier. « Nous soutenons le principe de transition équitable, mais il ne peut devenir un mécanisme permettant d’acheter le soutien des États membres d’Europe de l’Est via des transferts massifs », souligne Van Overtveldt.
Plaidoyer pour plus de réalisme
Van Overtveldt souligne également l’importance de mesures concrètes, réalisables et abordables : « La semaine dernière, un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement soulignait le fossé gigantesque entre les projets et les réalisations. L’Europe se fixe de nombreux objectifs mais n’en réalise aucun. La Commission von der Leyen a prêté un serment vert coûteux, mais risque de ne pas atteindre ses objectifs. C’est pourquoi nous demandons plus de réalisme, un monitoring et des actions prioritaires dans les domaines où l’UE peut vraiment faire la différence, en particulier au niveau des nouvelles technologies telles que l’hydrogène, le stockage en batterie et le carbone en tant que matière première. L’UE peut en effet jouer un rôle de pionnier et exporter vers le reste du monde. Nous sommes favorables à un changement de système, mais toujours dans un contexte de croissance économique et de fonctionnement du marché et moyennant une flexibilité suffisante pour les États membres. »
Donner le bon exemple
« L’UE pourrait par ailleurs réaliser des bénéfices immédiats, par exemple en mettant un terme au déménagement mensuel vers Strasbourg. L’appareil européen peut et doit donner le bon exemple. La mise en place du ciel unique européen, réduisant les émissions du secteur aérien de 6 à 10 %, est également réalisable. »
Impact géopolitique
La délégation N-VA estime pour finir que la Commission européenne doit avoir une vision plus large. Geert Bourgeois : « Bien que l’UE représente moins de 10 % des émissions mondiales, elle peut jouer un rôle de pionnier. Mais si cette commission géopolitique souhaite avoir un plus gros impact, l’UE doit mettre les autres blocs face à leurs responsabilités. »