Vous êtes ici
Bart De Wever à propos d’Euroclear : « On ne peut pas nous demander l’impossible »
Le Premier ministre Bart De Wever a été interrogé à la Chambre sur les avoirs russes gelés auprès d’Euroclear. Sa réponse a été sans ambiguïté : ce dossier touche au cœur même de notre stabilité financière et à la position de l’Europe dans le monde.
Selon lui, certains acteurs sous-estiment les risques : « Utiliser ces avoirs gelés pourrait avoir des conséquences potentiellement dommageables, tant pour notre pays que pour l’ensemble de l’Europe. »
Le Premier ministre a insisté sur les incertitudes juridiques et géopolitiques entourant ce dossier : « Il existe de nombreuses objections légitimes concernant la légalité d’une telle opération, ainsi que sur ses effets possibles sur la confiance dans notre système financier et dans l’euro en tant que monnaie de réserve. »
Bart De Wever a rappelé que le gouvernement belge avait toujours posé trois conditions claires avant même d’envisager un feu vert à ce type d’initiative.
Première condition : une mutualisation complète des risques
Le ton est ferme : « La Belgique ne peut pas, et ne voudra jamais, porter seule les risques d’une telle opération. »
Il précise que cela dépasse la simple valeur des actifs concernés : « Les compensations en cas d’expropriation illégitime pourraient être bien plus élevées, en intégrant notamment des intérêts composés et des gains non réalisés. »
Sa conclusion est sans appel : « Les garanties doivent couvrir, dès le premier jour, l’ensemble des obligations financières potentielles. »
Deuxième condition : la protection de
les liquidités
et contre les risques
Le Premier ministre insiste :
les liquidités
d’Euroclear ne peut en aucun cas être compromise. « Euroclear doit pouvoir disposer des fonds concernés à tout moment, si la situation l’exige. »
Il pointe deux risques majeurs : « D’abord, celui de représailles russes – un scénario hautement probable – dont les conséquences financières doivent être assumées. Ensuite, le cas où Euroclear serait contraint de rembourser la Banque centrale russe, que ce soit à la suite d’une décision de justice ou dans le cadre d’un futur accord de paix. »
Bart De Wever a vivement réagi à la manière dont ses propos précédents ont été volontairement sortis de leur contexte : « C’est dans ce sens qu’il faut comprendre mes paroles. Cette guerre prendra fin un jour. Et il est donc raisonnable de prévoir qu’un accord de paix inclura des dispositions concernant ces avoirs. C’est tout ce que j’ai dit. Détourner cela, c’est d’une malhonnêteté inacceptable. »
Il a également évoqué les répercussions à l’échelle mondiale si Euroclear devait rencontrer des problèmes de liquidité : « Si Euroclear est fragilisé, les conséquences sur les marchés financiers mondiaux seraient énormes. »
Et il a rappelé que même la Banque centrale européenne reste prudente : « La présidente de la BCE refuse elle-même de garantir les risques liés à un Reparation Loan. »
Troisième condition : un partage équitable des charges entre États membres
Sa troisième condition semble de bon sens, mais elle est loin d’être acquise, selon lui : « Il est tout à fait logique que tous les États membres détenant des actifs d’État russes contribuent équitablement à une telle opération. »
« Les fonds doivent être collectés de manière proportionnelle auprès de toutes les institutions concernées situées sur le territoire européen, et idéalement au-delà, dans les pays faisant partie de la ‘Coalition of the Willing’ », précise Bart De Wever.
« Notre pays ne pose aucune exigence déraisonnable »
Le projet actuel de la Commission européenne ne va pas assez loin, selon lui : « Il va dans la bonne direction, mais ne répond pas encore aux exigences minimales. En l’état, notre gouvernement ne peut donc pas y donner son accord. »
Il insiste sur le fait que la Belgique ne fait pas obstruction, mais joue son rôle de gardien : « Tout pays placé dans notre situation poserait les mêmes conditions. C’est ce que plusieurs chefs de gouvernement m’ont confirmé en privé. »
Il souligne par ailleurs que la Belgique reste résolument constructive et met des alternatives sur la table pour soutenir financièrement l’Ukraine : « Qu’on ne s’y trompe pas : notre pays soutient pleinement l’Ukraine. »
Bart De Wever ne cache pas son agacement face à certaines narrations autour du dossier : « Il est regrettable que de fausses informations circulent à l’international pour faire pression sur nous… et plus encore qu’un groupe parlementaire relaye ce discours. »
Il conclut avec force : « Nous sommes des Européens loyaux. Nous sommes fermement aux côtés de l’Ukraine. Nous défendrons toujours la paix, la liberté et la démocratie. Nous sommes prêts à faire des sacrifices pour ces valeurs – mais on ne peut pas nous demander l’impossible. »