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Anneleen Van Bossuyt : « Une politique migratoire plus stricte est une nécessité »

La ministre de l’Asile et de la Migration, Anneleen Van Bossuyt, a annoncé il y a quelques mois vouloir mener la politique migratoire la plus stricte jamais appliquée en Belgique. Invitée dans l’émission De Tafel van Tine, elle a expliqué pourquoi ce changement de cap lui semble indispensable.
Selon la ministre Van Bossuyt, la situation actuelle est devenue intenable. L’année dernière, près de 40 000 demandes d’asile ont été enregistrées en Belgique. Ce qui la préoccupe particulièrement, c’est qu’une part importante de ces demandes provient de personnes ayant déjà obtenu une protection dans un autre État membre de l’Union européenne. « Cela met notre système sous pression. L’accueil des demandeurs d’asile nous coûte près d’un milliard d’euros par an. Alors que le nombre de demandes d’asile a baissé de 12 % au niveau européen l’an dernier, il a augmenté de 12 % en Belgique. La pression devient insoutenable sur notre Sécurité sociale En Belgique, la sécurité sociale relève jusqu’à aujourd’hui du fédéral. Les principaux piliers de la sécurité sociale belge sont l’assurance maladie-invalidité (INAMI), les pensions, l’assurance-chômage et les allocations familiales, sans oublier les maladies professionnelles, les accidents du travail et les vacances annuelles. Certains partis flamands prônent depuis longtemps le transfert de (grands pans de) la sécurité sociale aux régions et communautés. sécurité sociale , notre enseignement, notre logement et notre sécurité. »
Trois axes d’action
La ministre structure sa politique autour de trois piliers : réduire les arrivées, accélérer les départs, et garantir un accueil digne à ceux qui ont réellement besoin de protection. « Aujourd’hui, une procédure d’asile dure en moyenne dix-huit mois. Le retard accumulé par les services de l’asile avoisine les 60 000 dossiers. Ce n’est tout simplement plus tenable. »
Plusieurs mesures ont été mises en place ces derniers mois. Ainsi, le seuil de revenu pour le regroupement familial a été relevé : toute personne souhaitant faire venir sa famille en Belgique doit prouver qu’elle peut subvenir elle-même à leurs besoins. Par ailleurs, les demandeurs d’asile ayant déjà obtenu une protection dans un autre pays européen n’ont plus accès à l’accueil en Belgique. « Le système d’asile est là pour protéger les gens fuyant la guerre ou la persécution, pas pour comparer les systèmes sociaux », insiste la ministre Van Bossuyt.
Outre l’adoption de règles plus strictes, elle mise aussi sur des contrôles mobiles, notamment le long des autoroutes ou à bord des bus internationaux. « Il ne s’agit pas uniquement des interceptions elles-mêmes, mais surtout de l’effet dissuasif. Il faut envoyer un message clair : les entrées illégales ne sont pas tolérées. »
La question sensible du retour des Afghans déboutés
Un point particulièrement délicat concerne le retour des Afghans dont la demande d’asile a été rejetée. Moins de la moitié obtient une protection en Belgique, mais ceux qui sont déboutés ne peuvent actuellement pas être renvoyés dans leur pays d’origine. « Nous constatons une augmentation des actes de violence commis par certains groupes afghans, que ce soit dans les centres d’accueil ou en dehors. Je refuse d’accepter que des personnes sans droit de séjour et au comportement criminel restent sur notre territoire. Nous avons besoin d’accords européens pour rendre les retours vers l’Afghanistan possibles. »
Recréer un récit positif autour de l’asile et de la migration
À la question de savoir sur quoi elle souhaite être jugée dans cinq ans, Anneleen Van Bossuyt répond : « Pour moi, une politique réussie, c’est une politique qui permet de recréer un récit positif autour de l’asile et de la migration. Aujourd’hui, il n’y a que du négatif. Si nous parvenons à démontrer que la migration peut aussi apporter une contribution à notre société – notamment pour faire face au vieillissement démographique –, alors nous aurons véritablement accompli quelque chose. »