Vous êtes ici
Frieda Gijbels : « D'abord des honoraires équitables, ensuite un débat sur le plafonnement des suppléments »

Lundi, des médecins ont manifesté contre le projet de plafonnement des suppléments d’honoraires pour les prestataires de soins non conventionnés. La députée fédérale et parodontologue Frieda Gijbels comprend leur inquiétude. Invitée de l’émission De Ochtend sur Radio 1, elle a précisé où se situe, selon la N-VA, le véritable problème : c’est l’ordre des priorités qui est erroné et cela menace l’exercice libéral de la médecine. Il faut d’abord s’attaquer aux causes profondes. « Le gouvernement veut plafonner les suppléments, mais les honoraires de base sont souvent tout simplement insuffisants. Il faut d’abord les ajuster. Ce n’est qu’ensuite qu’on pourra envisager d’aller plus loin. »
Les médecins, boucs émissaires
Frieda Gijbels comprend la frustration des médecins. Elle constate que le débat est trop souvent réduit à une question d’enrichissement, alors que la réalité est bien plus nuancée. « Les prestataires de soins sont présentés comme des profiteurs, ce qui est faux. Beaucoup d’entre eux se soucient réellement de leurs patients, mais aussi de l’avenir de leur profession. »
Pour les médecins hospitaliers, l’enjeu est de taille : leurs salaires et les suppléments d’honoraires contribuent au financement des hôpitaux, qui peinent déjà à garder la tête hors de l’eau. Une réduction brutale, avant même qu’une réforme du financement hospitalier soit claire, risquerait d’en compromettre l’équilibre financier. Quant aux médecins en cabinet privé – notamment de nombreux dentistes – il en va de la viabilité même de leur activité.
« Les remboursements prévus par les pouvoirs publics ne couvrent souvent même pas le coût du matériel ou du personnel. Prenons l’exemple de l’orthodontie : tout le monde sait combien cela peut coûter. Mais peu savent que les tarifs de remboursement y sont si bas qu’ils ne suffisent même pas à payer le matériel. Dans ce contexte, les suppléments sont le seul moyen d’exercer de manière viable. »
Commencer par une évaluation honnête
Frieda Gijbels en appelle au bon sens et surtout au respect de l’accord de gouvernement. Celui-ci ne prévoit rien concernant un plafonnement des suppléments en dehors des hôpitaux. Elle soutient toutefois pleinement l’idée de réformer les tarifs, comme le prévoit également l’accord.
« Que coûte réellement un traitement ? Commençons par établir cela de manière objective. Ensuite, nous pourrons fixer des tarifs équitables. Une fois cette base solidement établie, les suppléments deviendront naturellement moins nécessaires. » Elle en est convaincue : « Dans les secteurs où les tarifs sont justes, les médecins s’y tiennent et ne réclament pas de suppléments. »
Une pression sur la liberté de l’exercice médical
Autre risque pointé par Frieda Gijbels : l’érosion de l’exercice libéral dans les soins de santé. « Ce système garantit la qualité des soins et la liberté de choix. C’est grâce à l’exercice libéral que nos médecins et autres prestataires de soins peuvent innover et que, malgré tout, nos listes d’attente restent relativement courtes comparées à l’étranger. Si on restreint cette liberté par des plafonds rigides et généralisés, on pousse les professionnels hors du métier ou vers les hôpitaux. Cela met en péril l’accessibilité des soins. »
Elle souligne aussi que les médecins tiennent bel et bien compte des capacités financières de leurs patients. « Dire le contraire est injuste. La plupart le font — et préféreraient même que les traitements soient correctement remboursés, afin que les suppléments deviennent superflus. »
Que dit l’accord de gouvernement ?
Le ministre Frank Vandenbroucke (Vooruit) se réfère à l’accord de gouvernement, qui demande de s’attaquer sans délai aux excès. Frieda Gijbels est partiellement d’accord : « Oui, les abus doivent être éliminés. Mais la proposition actuelle va bien au-delà de cela. »
Tant qu’aucune réforme des tarifs n’est sur la table, la N-VA maintient sa position : « Sans adaptation, nous ne pouvons approuver ce plan. Le calendrier doit être juste, la base aussi. L’accord de gouvernement doit être respecté », conclut-elle.