Theo Francken : « L’attitude obséquieuse de l’Europe envers les États-Unis, c’est aussi un peu notre faute »

26 juin 2025
Theo Francken

Après le sommet de l’OTAN à La Haye, l’Europe affiche à nouveau son unité avec les États-Unis. Le ministre de la Défense, Theo Francken, est revenu sur ces derniers jours dans le journal télévisé de VTM. « Tant que nous restons faibles, nous avons besoin des États-Unis », explique-t-il. « Si nous pouvions nous défendre seuls, nous n’aurions pas besoin d’être aussi flatteurs. »

« Nous parlons fort, mais sans réelle puissance »

Theo Francken reconnaît que les derniers mois ont été éprouvants : « On a traversé une sorte de crise conjugale transatlantique. Il a fallu beaucoup d’efforts diplomatiques pour arriver à ces accords. »

Concernant les nombreux éloges adressés à Donald Trump lors de la réconciliation, il ne les minimise pas : « C’est le jeu. Le jour où nous serons assez forts, ce ne sera plus nécessaire. Pour l’instant, nous parlons fort, mais sans réelle puissance. Notre bâton est petit. Celui des États-Unis, lui, est solide. »

Des décennies de sous-investissement

Pour Theo Francken, l’Europe ne peut s’en prendre qu’à elle-même : « Cela fait 30 ou 40 ans que nous investissons trop peu – et trop mal – dans notre défense et notre armée. »

Son constat est sans appel : « L’Europe dispose de beaucoup de soft power – diplomatie, commerce – mais nous vivons une époque de hard power. Le monde change vite, et nos ennemis deviennent de plus en plus agressifs. Dans ce contexte, nous avons besoin des États-Unis. »

Objectif : passer de 2 à 5 %

L’OTAN demande à chaque pays de consacrer 5 % de son PIB Le produit intérieur brut (PIB) correspond à la production totale de biens et de services au sein d’un pays, tant d’entreprises que des administrations. Il est généralement utilisé comme critère d’évaluation de la prospérité d’un pays. C'est la raison pour laquelle la N-VA surveille de près l’évolution du PIB belge. PIB à la sécurité et à la défense d’ici 2035. Un objectif ambitieux, surtout pour un pays à la situation budgétaire difficile. « Ce gouvernement n’est en place que depuis quelques mois », précise Francken. « Mais cette année, nous atteignons enfin les 2 %, après dix ans d’immobilisme. Ce budget de 3,7 milliards servira à acheter des munitions supplémentaires et à soutenir l’Ukraine, avec de nombreuses retombées positives pour nos entreprises. »

Ensuite, les étapes s’enchaîneront, dit-il : « D’abord ces 2 % – ce budget sera voté demain à la Chambre. Ensuite, une vision stratégique : ‘Que faire avec cet argent ?’. Ce plan est désormais approuvé. Et la prochaine étape sera la budgétisation structurelle pour les années à venir. »

« Nous sommes déjà à 3,5 % »

Le ministre critique les chiffres diffusés dans les médias : « On dit que nous sommes à 2 %, mais ce n’est pas tout à fait exact. À côté des dépenses militaires, nous consacrons déjà 1,5 % à la sécurité au sens large. Ce qui nous amène à 3,5 %. »

D’ici 2034, la part militaire atteindra de toute façon 2,5 % : « Ce qui nous portera à 4 %. Il ne restera qu’un point de pourcentage. Et une évaluation est prévue en 2029 : verra-t-on alors si ces 5 % sont toujours nécessaires ? »

« Nous avons bien négocié », affirme-t-il. « Au départ, les 5 % devaient être atteints en sept ans. Nous avons obtenu dix ans, avec un moment de pause en 2029, et sans Obligation Une obligation est un prêt accordé à une entreprise ou à une autorité qui est remboursé avec un intérêt. Contrairement aux actions, la plupart des obligations ont une durée et un intérêt fixes. Cet intérêt est généralement payé annuellement. De ce fait, les obligations impliquent en règle générale un risque moindre que les actions. obligation d’augmenter de 0,2 % chaque année. »

Pas de service militaire obligatoire

Acheter des armes, c’est une chose. Trouver du personnel en est une autre. « L’année prochaine, nous allons recruter 5 000 personnes : civils, militaires et réservistes. »

Un service militaire obligatoire n’est pas à l’ordre du jour. « Nous lançons une année de service volontaire. En novembre, 113 000 jeunes de 17 ans recevront une lettre les invitant à venir découvrir la Défense. Nous espérons ainsi convaincre 1 000 jeunes chaque année. »

« À l’heure actuelle, la Défense est extrêmement populaire », conclut Francken. « Il y a plus de candidats que de postes vacants. C’est positif, bien sûr, mais cela exige aussi des moyens pour suivre : instructeurs, tests médicaux, etc. »

Qu’avez-vous pensé de cet article?

Indiquez ici votre score personnel
Le score moyen est de