Frieda Gijbels sur le scandale des donneurs : “Il est temps d’agir en profondeur”

La députée fédérale Frieda Gijbels ne mâche pas ses mots sur le plateau de De Zevende Dag. Le scandale des donneurs, où 37 femmes en Belgique sont tombées enceintes du même donneur de sperme porteur d’une anomalie génétique, est pour elle un signal d’alarme de plus.

“C’est un choc. D’une part, il y a cette grave anomalie génétique qui va plonger des familles dans l’inquiétude pendant des années. D’autre part, on découvre maintenant, noir sur blanc, que la règle des six femmes (en vigueur depuis 2007, limitant à six le nombre de femmes pouvant bénéficier du sperme d’un même donneur, ndlr) n’a jamais été respectée.”

Une inertie politique persistante

D’après Frieda Gijbels, les avertissements ne datent pas d’hier. “Cela fait des années que nous soupçonnons des dysfonctionnements. Valerie Van Peel a posé des questions au Parlement pendant dix ans : ‘Mettez ce registre en ordre, centralisez les données des centres de fertilité, vérifiez s’ils respectent la loi.’ Mais rien n’a été fait. Et sans contrôle, une loi reste lettre morte.”

Elle critique sévèrement la frilosité des gouvernements précédents. “Depuis 2015, notre proposition de loi est prête, mais elle n’a jamais reçu le soutien nécessaire. Le parti Open Vld a toujours fait preuve d’une grande réserve. Et les centres de fertilité ont eux aussi fait pression pour éviter toute transparence.”

“L’enfant issu d’un don doit être au centre”

Frieda Gijbels insiste : les droits et le bien-être des enfants issus d’un don ont trop souvent été ignorés. “Il est grand temps de remettre les enfants au centre des préoccupations. C’est cela qui doit guider toutes les décisions. Tout le reste doit s’y soumettre.”

Elle demande également que le registre des donneurs soit rétroactif. “Y a-t-il eu d’autres cas de dons massifs ? Chaque enfant a droit à la vérité. Combien de demi-frères ou demi-sœurs ai-je ? Aujourd’hui encore, cette information leur est refusée.”

Vers une commission d’enquête ?

L’audit de l’AFMPS, annoncé par le ministre Frank Vandenbroucke, est selon elle une première étape positive. “Mais il faut aller au bout. Et si des zones d’ombre persistent, il faudra sérieusement envisager une commission d’enquête parlementaire ou spéciale.”

Rassurer les familles

Frieda Gijbels est catégorique : parents, donneurs et enfants issus d’un don ont droit à un accompagnement et à une information claire. “Aujourd’hui, rien n’est prévu. Dans notre proposition de loi, nous plaidons depuis des années pour la création d’un institut chargé de cette mission.”

Elle invite les familles à faire valoir leurs droits. “Adressez-vous à l’AFMPS, aux centres de fertilité. Et demandez conseil à un avocat. Le site de l’asbl Donorkinderen contient déjà de nombreuses informations utiles.”