Kathleen Depoorter : « La criminalité organisée détourne des médicaments dangereux »

21 mai 2025

L’abus d’antalgiques comme le Lyrica (prégabaline) et le tramadol prend des proportions alarmantes en Belgique. Selon les chiffres obtenus par la députée fédérale Kathleen Depoorter, le Lyrica est de plus en plus ciblé par des réseaux criminels organisés.

Une explosion des saisies

Les données récentes de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) révèlent une flambée inquiétante des détournements de Lyrica. En 2023 et 2024, plus de 554.000 unités ont été interceptées — contre à peine 480 en 2020. « Ces chiffres sont tout simplement préoccupants », déclare Kathleen Depoorter. « Le Lyrica est souvent mélangé à d’autres substances, ce qui peut provoquer des situations potentiellement mortelles – notamment des détresses respiratoires ou même des décès. »

Le tramadol reste également sous surveillance, bien que les saisies soient moindres : un peu plus de 2.000 unités depuis 2020.

Une fraude croissante liée aux prescriptions

Mme Depoorter met également en garde contre la multiplication des ordonnances falsifiées : « Rien que pour la période de janvier à avril de cette année, 21 cas de prescriptions frauduleuses ont été signalés. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », prévient-elle. « Les pharmaciens ne sont pas obligés de signaler les suspicions de fraude, donc le chiffre réel est sans doute bien plus élevé. »

Elle appelle à un renforcement des contrôles et à une amélioration du système de prescription électronique : « Bien que l’e-prescription soit un outil utile, les criminels trouvent sans cesse de nouveaux moyens pour contourner le système. Restons vigilants. »

Une valeur multipliée par 70 sur le marché noir

Les marges de profit dans le circuit illégal sont vertigineuses : « Une gélule de Lyrica coûte à peine 7 centimes d’euro en pharmacie grâce à l’intervention de l’INAMI, mais se revend jusqu’à 5 euros dans la rue. C’est plus de 70 fois le prix officiel. Pour les criminels, c’est une véritable mine d’or, avec des conséquences dramatiques pour la santé publique. »

Jusqu’à quand allons-nous tolérer cela ?

Pour Kathleen Depoorter, il est urgent que les autorités interviennent : « Il ne s’agit pas de cas isolés d’abus médicamenteux, mais bien d’une criminalité organisée et motivée par le profit. Une réponse ferme de l’État est indispensable. »

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