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Theo Francken au Sommet mondial sur la lutte contre le terrorisme : « Les nouvelles formes de l’islamisme »
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Le député fédéral Theo Francken doit s’exprimer aujourd’hui lors du Sommet mondial sur la lutte contre le terrorisme organisé à Herzliya, en Israël, à l’occasion de l’anniversaire du 11 septembre. Il le fait en tant que chef de la délégation belge à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. L’essentiel de son message est résumé ci-dessous.
11 septembre 2001 : deux avions percutent les tours du WTC à New York, joyaux de la couronne des États-Unis, « the land of the free and the home of the brave ». Près de 3 000 personnes perdent la vie. Le monde occidental est en état de choc, tandis que le monde salafiste jubile. Oussama Ben Laden est célébré comme le héros qui a mis les États-Unis à genoux.
Un succès mitigé
Vingt-deux ans plus tard, nous sommes toujours en guerre. Et le succès est mitigé. Nous avons dû nous retirer d’Afghanistan - inhospitalier à tous les égards - après 20 ans. Les talibans y sont plus forts que jamais. Le printemps arabe a échoué. Même la démocratique Tunisie est récemment tombée sous le joug d’un nouveau despote panarabe. Nous avons réduit les capacités de l’EI, mais ses attentats et les atrocités commises ont réveillé les plus bas instincts en Europe, tandis que la crise de l’asile en provenance de Syrie a ébranlé le continent. Nous avons perdu le Mali et récemment le Niger, tandis que le Sahel tombe aux mains de Wagner, d’Al-Qaïda et de l’EI.
Démocratie contre islamisme
Il s’agit au fond d’une lutte mondiale qui se traduit par une guerre entre des conceptions radicalement opposées de la vie. La démocratie laïque occidentale contre l’islamisme : l’islam politique, avec le culte divin et la moralité comme concepts de société.
L’Occident a-t-il retenu la leçon ?
À bien des égards, oui : il y a plus de coopération, plus de partage d’informations et même les forces de gauche réclament davantage d’investissements dans la sécurité. Nous apprenons petit à petit à défendre notre mode de vie occidental. Mais nous trébuchons et tombons parfois sur nos droits fondamentaux, notre constitution libérale et nous-mêmes.
Faiblesses
Nous affichons aussi certaines faiblesses.
- Tout d’abord, le succès décroissant de la démocratie en tant que forme de société. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre de démocraties dans le monde est en baisse. Notre point culminant semble avoir été atteint. Des despotes éclairés, des juntes militaires et des démocrates de pacotille illibéraux apparaissent partout. Un terreau idéal pour les islamistes.
- Deuxièmement, nos divisions internes en Occident, et plus encore en Europe. En raison d’une concurrence géopolitique interne, nous ne parvenons pas à nous aligner vis-à-vis d’un régime comme celui des ayatollahs d’Iran, par exemple. À mon avis, la plus grande menace de Téhéran vient des milieux islamistes, parce qu’ils sont puissants et organisés par l’État.
- CGRI : mettre le CGRI (Corps des gardiens de la révolution islamique, l’avant-garde du djihad) sur la liste européenne des organisations terroristes ? Le Parlement européen vote pour, mais certains États membres, dont la France, s’y opposent. La Belgique invite le bourreau/maire Zakani à bras ouverts, tandis que la Commission européenne assiste tranquillement à la prestation de serment du nouveau président iranien, le « boucher de Téhéran » Raisi.
- Hezbollah : qualifier le Hezbollah dans son ensemble (y compris sa branche politique) d’organisation terroriste ? L’Allemagne l’a fait, le reste non. Durcir le ton face aux Frères musulmans ? La France a interdit sa branche politique, l’islamiste Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), tandis que la Belgique accorde des subventions à sa branche belge et que le bras français a ressuscité sous une forme européenne à Bruxelles. Cibler les organisations terroristes palestiniennes et leurs satellites ? Oui, mais Israël...
- Combattants en Syrie : sans même parler de la division européenne face aux combattants partis en Syrie. La France les a inscrits sans hésiter sur la liste de ses troupes d’élite et les a éliminés. En Belgique, ils ont été condamnés à quelques mois de prison et le gouvernement a rapatrié des mères et des enfants de manière active.
- Notre politique d’immigration naïve constitue notre troisième faiblesse. Avec un million de demandeurs d’asile attendus en Europe en 2023, l’immigration clandestine atteint des sommets. Des Afghans, des Syriens, des Somaliens, des Palestiniens - autant de pays strictement musulmans - émigrent en masse vers l’Europe occidentale. Nos métropoles se transforment à une vitesse jamais vue. La Belgique vieillit mais enregistre un taux de croissance démographique supérieur à 1 % en raison d’une immigration massive. Une situation intenable.
Beaucoup de ces personnes sont animées des meilleures intentions. Beaucoup, mais pas toutes... Et si nous filtrons mieux qu’avant, les failles restent énormes. Nous n’avons souvent aucune idée de l’identité de la personne qui arrive.
Ramallah à Bruxelles
Ce qui est certain, en revanche, c’est que cela a un impact significatif sur la popularité en Europe d’organisations terroristes telles que le Hezbollah, les Frères musulmans, l’EI, le CGRI, le Hamas, le Jihad islamique, le FPLP, Samidoun, Al-Qaïda, etc. Rendez-vous au premier rassemblement pro-palestinien ou sunnite/chiite d’Europe occidentale venu et vous aurez l’impression d’être à Ramallah, à Gaza ou à Téhéran.
Conclusion
Si nous voulons vaincre l’islamisme sous ses nouvelles formes, nous devons nous concentrer sur les quatre points suivants :
- Défendre et propager activement la démocratie en tant que forme de société.
- Adopter une approche occidentale commune à l’égard des organisations terroristes. Le CGRI et d’autres organisations doivent figurer sur la liste européenne des organisations terroristes.
- Cartographier tous les satellites et ONG terroristes d’Europe et les vider entièrement de leur substance. Une unité de commandement européenne est indispensable à cet égard.
- Rendre impossible l’immigration illégale vers l’Europe. Nous devons fermer immédiatement les guichets d’asile européens. Nous pouvons pour cela nous inspirer du modèle australien.
Time to wake up, Europe!