Une entreprise sur dix est une « entreprise zombie »

8 juin 2022
Katrien Houtmeyers

La députée fédérale Katrien Houtmeyers a introduit une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre les entreprises zombies. Il s’agit d’entreprises d’au moins cinq ans ayant publié des capitaux propres négatifs au cours des trois dernières années consécutives. Elles ne sont donc ni en faillite ni viables. En 2021, une entreprise sur dix était concernée. « C’est problématique », explique Houtmeyers, « car plus nous maintenons ces entreprises artificiellement en vie, moins nous avons de place pour de nouvelles entreprises saines. »

En 2017 déjà, la Belgique figurait parmi les leaders au niveau du nombre d’entreprises zombies. D’après une étude de Graydon, elles étaient 36 595 (9,4 %) et représentaient 45 254 travailleurs en mai de l’année dernière. Dans plus de deux tiers des cas, elles n’avaient pas de personnel. La Flandre, la Wallonie et Bruxelles compteraient respectivement 8, 11 et 12 % d’entreprises zombies. Des chiffres très élevés qui ont un impact considérable sur notre économie.

Mauvaise influence

La crise du coronavirus a également joué un rôle. « Les mesures de soutien ont heureusement sauvé de très nombreuses entreprises de la faillite, mais il faut aussi admettre qu’elles ont maintenu plus longtemps en vie de nombreuses entreprises zombies », explique Houtmeyers, qui souligne l’impact négatif de ces entreprises sur notre productivité. « Tant que les entreprises zombies restent en activité, il y a moins de place pour de nouvelles entreprises saines. Ces entreprises saines risquent également d’avoir des problèmes si les entreprises zombies avec lesquelles elles collaborent ne paient pas leurs factures à temps. »

Houtmeyers a donc introduit une résolution en vue d’un meilleur contrôle. Elle réclame par exemple une meilleure gestion des faillites et souligne l’intérêt de la procédure de la sonnette d’alarme. Lorsque l’actif net d’une société se situe en deçà de la moitié du capital social, l’assemblée générale doit être convoquée dans les deux mois afin de décider de son sort.

Les autorités fédérales n’ont pas d’excuse  

La dissolution judiciaire et la liquidation sont également d’excellents moyens de lutter contre les entreprises zombies. Une entreprise peut être dissoute si elle a par exemple été radiée de la Banque-Carrefour des Entreprises ou si elle ne respecte pas son Obligation Une obligation est un prêt accordé à une entreprise ou à une autorité qui est remboursé avec un intérêt. Contrairement aux actions, la plupart des obligations ont une durée et un intérêt fixes. Cet intérêt est généralement payé annuellement. De ce fait, les obligations impliquent en règle générale un risque moindre que les actions. obligation de déposer des comptes annuels. « Les autorités fédérales ont tout ce qu’il faut pour repérer et éliminer les entreprises zombies mais ne le font pas. C’est pourquoi je demande que les contrôles soient enfin renforcés afin de laisser la place aux entreprises saines. »

Pour finir, Katrien Houtmeyers souligne l’importance de l’identification correcte des entreprises zombies. « Il y a actuellement de vives discussions sur la définition d’une entreprise zombie. Nous souhaitons l’affiner afin que les entreprises structurellement saines qui se trouvent en difficulté à cause de la crise ou de problèmes temporaires ne soient évidemment pas dissoutes. »

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