Assita Kanko à l’issue d’un débat houleux sur l’état de droit en Pologne : « Une maison divisée peut difficilement tenir »

19 octobre 2021
Assita Kanko

« Il est temps que l’Union européenne se concentre à nouveau sur ce mot d’union, sur ce qui nous unit : nos valeurs européennes, le respect de l’état de droit et le dialogue. » L’eurodéputée Assita Kanko a réagi depuis Strasbourg à la confrontation entre l’UE et le Premier ministre polonais Morawiecki suite à un arrêt de la Cour constitutionnelle polonaise relatif à la primauté du droit polonais sur le droit européen.

Mardi, la séance plénière du Parlement européen à Strasbourg a été le théâtre d’une confrontation entre la présidente de la Commission von der Leyen et le Premier ministre polonais Morawiecki. Dans les interventions qui ont suivi, l’Union s’est montrée divisée, estime Kanko. « Il est temps que l’Union européenne se concentre à nouveau sur ce mot d’union, sur ce qui nous unit : nos valeurs européennes, le respect de l’état de droit et le dialogue. Nous ne devons jamais céder sur ce plan. Mais les tensions entre la Commission européenne et les États membres ne doivent surtout pas s’aggraver. »

La Russie et la Chine se frottent les mains face à la division de l’Europe

Il y aura toujours des tensions entre les États membres et l’Union, estime Kanko. « Il n’y a rien de mal en soi. Un débat sérieux témoigne de la santé de la démocratie, mais ce que j’ai entendu ici, c’est un dialogue de sourds. Si nous ne parvenons même pas à discuter avec nos amis, comment pourrons-nous résoudre nos problèmes avec nos ennemis ? Les grandes puissances comme la Russie et la Chine se frottent les mains face à la division de l’Europe. Elles se réjouissent de nous voir nous disputer en public. »

Nos valeurs communes sont fondamentales

Si Kanko comprend les inquiétudes de la Pologne par rapport à sa souveraineté, elle soutient intégralement l’ordre juridique européen. « Le signal qu’envoie la Pologne est peut-être compréhensible, mais il crée des tensions et des divisions inutiles. En adhérant à l’UE, elle a accepté ses valeurs communes et ses règles, y compris la primauté de la législation européenne sur le droit polonais. Nos valeurs communes sont fondamentales. »

L’UE doit aussi se remettre en question

« Mais l’UE doit aussi se remettre en question », estime Assita Kanko. « Ce n’est pas en menaçant les États membres qu’elle va les convaincre. L’UE se montre par ailleurs trop sélective dans son indignation. Ses réactions virulentes vis-à-vis de la Pologne contrastent fortement avec son silence assourdissant vis-à-vis d’autres États membres... Cette sélectivité risque d’anéantir le sentiment d’unité au sein de l’Europe. »

L’UE n’aura d’avenir que si elle parvient à convaincre les citoyens de sa valeur ajoutée

Pour Kanko, cette situation ne sert les intérêts de personne. « Les Européens attendent de nous que nous abordions des thèmes importants comme la migration, les prix de l’énergie et les défis géopolitiques. Quand les citoyens nous voient nous occuper avant tout de nous-mêmes, ils décrochent. L’UE n’aura d’avenir que si elle parvient à convaincre les citoyens de son projet et de sa valeur ajoutée. »

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