Assita Kanko favorable à une politique de retour plus ferme afin de résoudre le problème de la migration

27 octobre 2020
Assita Kanko

Chaque année, 400 000 à 500 000 ressortissants de pays tiers reçoivent l’ordre de quitter l’UE car ils y sont entrés ou y séjournent illégalement. Seuls 40 % d’entre eux retournent dans leur pays d’origine ou dans le pays depuis lequel ils se sont rendus en Europe. Si depuis le début de l’année, l’UE a accueilli 31 % de demandeurs d’asile en moins par rapport à la même période l’année dernière, le nombre de personnes retournant dans leur pays a lui baissé. Dès le mois de juillet, lorsque les restrictions de voyage ont été levées, le nombre de demandes a recommencé à augmenter légèrement.

Une situation intenable

Lors d’un débat au sein de la commission Justice et Affaires intérieures relatif à la négociation et à l’application des accords de réadmission avec la Commission européenne, l’eurodéputée Assita Kanko a expliqué que cette situation était intenable. « La hausse du pourcentage de retour des demandeurs d’asile déboutés devrait être une priorité politique pour les dirigeants européens. La pandémie de coronavirus explique certainement en partie les bas pourcentages enregistrés cette année, mais le système montre ses limites depuis bien des années déjà. »

Le retour volontaire ne fonctionne pas

Certains responsables politiques belges et européens continuent de miser sur le retour volontaire. Ils n’ont visiblement pas tiré les leçons du passé, estime Kanko. « Nous savons désormais que le système du retour volontaire ne fonctionne pas. Ne pourrions-nous pas plutôt changer d’approche ? La passivité et l’absence de cadre juridique contraignant au sein de l’UE et au niveau des gouvernements font bien évidemment partie du problème. »

Des accords de réadmission avec de nombreux pays

Afin d’aider les États membres à faire face à la migration, la Commission a publié le 16 avril plusieurs directives concernant la mise en œuvre des dispositions européennes pertinentes en matière de procédures d’asile, de retour et de réadmission. Actuellement, l’UE a conclu des accords de réadmission avec la Turquie, le Pakistan, la Russie, la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Moldavie, l’Ukraine, la Biélorussie, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Serbie, le Cap-Vert et le Sri Lanka. Des négociations sont également en cours avec le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Chine, la Jordanie et le Nigeria.

Révision en profondeur de l’approche en matière de retour et de réadmission

Il est grand temps de revoir en profondeur notre approche du retour et de la réadmission, estime Assita Kanko. « La diplomatie de coulisses et la révision des accords techniques avec les pays d’origine peuvent évidemment jouer un rôle. Mais nous devons oser aller plus loin : certains pays d’origine essaient depuis des années de ralentir les choses. Il est maintenant temps d’agir avec fermeté ; l’UE doit se demander quels instruments elle peut utiliser pour ce faire. Les visas ou les aides financières, par exemple. Nous ne pourrons rétablir le système qu’à travers des règles claires concernant le retour et la réadmission. Nous pourrons ainsi non seulement regagner la confiance des citoyens, mais également envoyer un signal clair aux personnes poursuivies, qui ont droit à l’asile. Nous devons dans le même temps agir au niveau de l’offre et renforcer la lutte contre le trafic d’êtres humains. »

Qu’avez-vous pensé de cet article?

Indiquez ici votre score personnel
Le score moyen est de