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Zuhal Demir souhaite que la Belgique envoie une délégation aussi réduite que possible au « théâtre de marionnettes sur le climat »
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L’an dernier, la ministre flamande de l’Environnement Zuhal Demir avait annoncé qu’elle ne se rendrait pas au sommet sur le climat prévu fin novembre aux Émirats arabes unis. Dans une lettre adressée à ses collègues ministres des autres gouvernements du pays, elle demande maintenant à ce que la délégation belge soit réduite au strict minimum. Celle-ci compte actuellement 7 ministres, 16 membres de cabinets, un grand nombre de fonctionnaires et près de 150 autres personnes alors qu’un seul ministre, Alain Maron, endosse une fonction formelle au nom de la Belgique. « Si le monde politique veut rester crédible, il ne doit pas participer à ce théâtre de marionnettes et doit revenir à l’essentiel : les réalisations sur le terrain. Ce n’est pas en prenant tous l’avion pour Dubaï que l’on va protéger le climat », dénonce Demir.
L’année dernière, une délégation belge de plus de 120 personnes s’était rendue en Egypte pour un sommet sur le climat au cours duquel seul un ministre belge, soutenu par quelques techniciens, avait un rôle officiel. Tous les autres étaient venus pour des selfies et quelques réunions bilatérales...
Théâtre de marionnettes sur le climat
« C’est plus fort que moi : je suis obligée de dénoncer ce genre de choses. Je ne suis d’ailleurs pas la seule à le penser. Si le monde politique veut rester crédible, il ne doit pas participer à ce théâtre de marionnettes et doit revenir à l’essentiel : les réalisations sur le terrain. Ce n’est pas avec un spectacle de marionnettes sur le climat que l’on va lutter contre le changement climatique », déclare Demir.
Un seul ministre à tour de rôle
Dans sa lettre, Demir évoque deux choses. D’une part, les accords conclus au niveau belge, qui prévoient qu’un seul ministre s’exprime à tour de rôle au nom de l’ensemble du pays au niveau européen. Les positions sont alors préparées ensemble. Cette année, ce n’est pas au tour de Demir mais de son homologue bruxellois Alain Maron. « Je ne me rendrai donc pas au sommet sur le climat. La Flandre enverra juste quelques techniciens afin d’aider le ministre et de veiller à ce qu’il respecte les positions convenues lors des négociations », explique Demir.
Pays d’accueil controversé
Le choix du pays hôte, les Émirats arabes unis, est également controversé. Qu’il s’agisse de la situation des droits de l’homme dans le pays, de la nomination d’Ahmed al-Jaber, président de la compagnie pétrolière nationale, en tant que président du sommet, ou, plus récemment, de la fuite d’informations et d’e-mails internes au profit de compagnies pétrolières, les écologistes, les défenseurs des droits de l’homme et les décideurs politiques ont de quoi s’interroger.
Pas de déni climatique
Demir tient à souligner que son appel ne constitue en aucun cas une forme de déni climatique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en trois ans sous Zuhal Demir, les émissions de CO2 en Flandre ont davantage baissé qu’au cours des 14 années précédentes, et la région figure parmi les meilleures en termes de stratégie de rénovation, de panneaux solaires et d’énergie éolienne... « Mais la facilité avec laquelle certains jonglent avec les pourcentages montre leur méconnaissance de la difficulté à inverser la tendance sans anéantir notre prospérité et plonger les gens dans la pauvreté », conclut Demir.