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Vandenbroucke est la marionnette des francophones

« Réformer le financement sans tenir compte des différences entre la Flandre et la Belgique francophone n’est qu’un onéreux coup d’épée dans l’eau. Dans l’intérêt des Flamands, nous devons réunir entre les mêmes mains l’ensemble des soins de santé, de la prévention aux traitements et des soins chroniques à la collecte de données. Ils doivent être réunis au niveau des entités fédérées, comme le prévoit d’ailleurs l’accord de gouvernement fédéral », expliquent le député flamand Lorin Parys et la députée fédérale Frieda Gijbels dans une tribune sur standaard.be.
Avec sa proposition de réforme du financement des hôpitaux, le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke (Vooruit) met la charrue avant les bœufs. Ses plans ne prévoient pas de baser les soins sur les différents besoins des communautés, le transfert des soins de santé vers les entités fédérées étant pourtant l’un des piliers de l’accord de gouvernement fédéral. Le ministre abandonne ainsi l’une des dernières ambitions prometteuses du gouvernement. Et le contribuable, lui, risque bien d’encore payer pour des soins inefficaces et superflus. Et pour couronner le tout, avec ses projets, Vandenbroucke met en place de nouveaux Transferts Les flux monétaires de la Flandre vers Bruxelles et la Wallonie sont appelés des transferts. Le montant des transferts par le biais du budget fédéral, de la loi de financement et de la sécurité sociale serait de 6 à 7 milliards d’euros par an, voire de 11 milliards d’euros s’il est tenu compte du remboursement de la dette. Le montant des transferts est toujours contesté du côté francophone où les transferts sont considérés comme une mesure de solidarité. Une étude du Vives (KULeuven) a démontré que les transferts ne servent pas la solidarité mais ont plutôt un effet paralysant sur la croissance tant de l’économie wallonne que de l’économie flamande. transferts financiers de la Flandre vers la Belgique francophone.
Le financement des hôpitaux est devenu de plus en plus complexe et opaque au fil des années, l’accent n’étant plus mis sur la qualité des soins. Le système ne fixe pas les bonnes priorités et risque bien de devenir impayable. Si nous pouvons conserver un certain niveau de qualité, c’est avant tout grâce à nos soignants dévoués, qui mettent un point d’honneur à fournir les meilleurs soins possible.
La cigale récompensée
Nous devons revoir les suppléments d’honoraires, concentrer les soins hautement spécialisés afin d’optimiser l’expertise et donc la qualité des soins, favoriser les hospitalisations de jour... Tout le monde le dit depuis pas mal de temps déjà. Mais ce que le plan du ministre ne dit pas, c’est comment concrétiser tout cela de manière réaliste et acceptable.
Si la note contient de nombreux objectifs ambitieux, elle brille surtout par ce qui n’y figure pas. Le ministre n’évoque à aucun moment la fragmentation des soins de santé, par exemple. La crise du coronavirus a pourtant démontré une fois de plus que des soins fragmentés étaient non seulement inefficaces, mais pouvaient aussi avoir des conséquences dramatiques. Le manque de clarté quant à la répartition des compétences a ainsi entravé la commande de masques buccaux pour les maisons de repos ou encore la politique de dépistage. Il fut également très compliqué de recourir aux médecins d’hôpitaux dans les maisons de repos à cause des différents niveaux de financement.
Pire encore : le ministre préfère éviter d’évoquer les différences communautaires. Ce n’est pourtant pas un détail. Exemple : via le planning stratégique de soins flamand, la Flandre demande aux hôpitaux de réduire si possible les lits d’hôpitaux de nuit coûteux au profit des hospitalisations de jour, plus efficaces. Les hôpitaux francophones ne le font (pratiquement) pas. Comme les soins de santé fédéraux fonctionnent avec un budget fixe qui ne tient pas compte des prestations des entités fédérées, l’argent ira de manière de plus en plus disproportionnée aux moins bons élèves de la classe : Bruxelles et la Wallonie. Mais la note n’aborde à aucun moment cette problématique.
Autre exemple : à Bruxelles et en Wallonie, les médecins demandent souvent des suppléments d’honoraires astronomiques. Ils servent notamment à financer leurs hôpitaux. Beaucoup d’entre eux restent pourtant dans le rouge. Vandenbroucke souhaite maintenant les supprimer. Nos hôpitaux flamands, qui s’efforcent depuis des années de préserver leurs finances et de limiter les suppléments, vont-ils être contraints de regarder leurs collègues moins scrupuleux être récompensés par plus d’argent public ? La cigale se retrouve encore une fois récompensée, et c’est la fourmi qui paie. Une réforme sérieuse des hôpitaux ne peut avoir de tels effets pervers.
Venons-en maintenant au renforcement des soins intégrés, tant loués. Ces soins vont au-delà des murs des hôpitaux et impliquent une collaboration étroite entre le médecin traitant, le kinésithérapeute, le pharmacien et les associations pour le bien-être, par exemple. La Flandre peut être fière de sa culture intégrée des soins, avec des zones de première ligne pratiquant une réelle médecine pour la population. L’ensemble des prestataires de soins prennent la responsabilité des personnes malades et en bonne santé dans des zones d’environ 100 000 habitants. Les plans de Vandenbroucke n’en parlent pourtant pas. La raison est simple : il n’y a pas de zones de première ligne en Belgique francophone. Les patients se rendent plus facilement aux urgences, pourtant beaucoup plus chères.
La Frontière linguistique La frontière linguistique entre la région Flamande et la région Wallonne a été fixée définitivement durant la période 1962-1963. L’arrondissement de Bruxelles-Capitale est officiellement bilingue. La frontière linguistique n’est pas une invention flamande. Les francophones, et surtout les socialistes, ont voulu dès le début du 20ème siècle que soient créées des régions unilingues en Belgique. Aujourd’hui, les Flamands souhaitent que la frontière linguistique et le bilinguisme de Bruxelles soient respectés. frontière linguistique est aussi une frontière de soins
Pendant ce temps, le dossier du contingentement continue de traîner depuis 25 ans et des milliers de jeunes étudiants flamands se voient refuser l’accès aux études de médecine alors qu’en Communauté française, on dépasse allègrement les quotas tous les ans. Vandenbroucke était censé résoudre le problème avant fin janvier 2022. Mais en réalité, il est la marionnette des francophones dans ce gouvernement Vivaldi qu’ils dominent. Et nous continuons de reconnaître et rembourser ces médecins en surnombre.
Réformer le financement sans tenir compte des différences entre la Flandre et la Belgique francophone n’est qu’un onéreux coup d’épée dans l’eau. Dans l’intérêt des Flamands, nous devons réunir entre les mêmes mains l’ensemble des soins de santé, de la prévention aux traitements et des soins chroniques à la collecte de données. Ils doivent être réunis au niveau des entités fédérées, comme le prévoit d’ailleurs l’accord de gouvernement fédéral. C’est également ce que réclame le secteur, d’après les auditions qui ont eu lieu au Parlement flamand. Et c’est la logique même quand on voit que les différentes entités du pays souhaitent fixer des priorités différentes au niveau des soins et de leur organisation. Notre frontière linguistique est aussi une frontière de soins. Une telle différenciation n’est tenable que si des choix propres impliquent une responsabilité propre.
Ce n’est qu’après ce transfert évident vers les entités fédérées que nous pourrons réellement voir comment optimiser les soins. En les intégrant dans un ensemble cohérent et en organisant l’ensemble du trajet de soins, des soins à domicile aux soins en hôpital, du berceau au tombeau, autour du patient. En nous basant sur les données, l’humanité et la qualité et non plus la quantité. En permettant aux prestataires de soins d’entreprendre dans les hôpitaux également et en exploitant au mieux le niveau élevé de nos formations.
Autrement, nous risquons de rapidement nous retrouver dans un nouvel enchevêtrement inextricable. Évitons cela et retrouvons enfin la logique !