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Une grande coalition paralyse le Parlement européen
Au cours de ces dernières semaines, la réaction du Parlement européen au Programme de travail de la Commission européenne pour l'année 2015 a été le principal sujet de discussion dans les sphères européennes. À l'issue de longues discussions, agitées, voire passionnées, le Parlement devrait voter une résolution qui, murmure-t-on dans les couloirs, exercerait une profonde influence sur les actions ultérieures de la Commission Juncker. La situation a toutefois tourné au fiasco absolu : en raison de querelles internes, le Parlement n'est pas parvenu à rédiger un texte commun capable d'être soutenu par une majorité de parlementaires européens. « Le Parlement européen manque non seulement un rendez-vous avec l'avenir, mais il se tire également une balle dans le pied », estime le groupe N-VA au Parlement européen.
Le Programme de travail définit la manière dont la Commission européenne entend mener les priorités politiques de son président, Jean-Claude Juncker. Il comprend également un aperçu des projets des prochaines années réalisés au profit d'autres institutions et bénéficiaires européens. Lorsque le parti démocrate chrétien PPE (Parti populaire européen) et le CRE La N-VA est membre des CRE, c’est-à-dire des Conservateurs et Réformistes européens, une fraction euro-réaliste et conservatrice au sein du Parlement européen. La N-VA partage leur vision réaliste sur le projet européen et plaide également en faveur d’une application correcte et poussée du principe de subsidiarité. Ainsi devons-nous oser nous demander s’il n’est pas préférable que certaines initiatives européennes soient confiées aux États membres. La N-VA se reconnaît également dans la vision du groupe CRE sur le plan socio-économique. Depuis les élections de 2014, le groupe CRE est la troisième plus grande fraction au sein du Parlement européen. CRE (Conservateurs et Réformistes européens, groupe auquel appartient également la N-VA) ont déposé une résolution conjointe sur le Programme de travail, il semblait que la grande coalition formée par les chrétiens et sociaux-démocrates et les libéraux allait être rompue. Au moment où les socialistes ont intensifié leur pression, le PPE s'est toutefois rapidement rétracté. Les démocrates chrétiens ont ainsi renoncé à la défense de leurs principes et se retrouvent les mains vides. En effet, rien n'a été prévu en remplacement : les membres de la grande coalition ne sont pas parvenus eux non plus à trouver un compromis. Résultat, le Parlement européen a voté séparément pour les textes introduits par les sept groupes et aucun d'entre eux n'a obtenu la majorité.
Fiasco
La parlementaire européenne N-VA Anneleen Van Bossuyt parle d'un véritable fiasco pour le Parlement : « Depuis l'entrée en fonction de la Commission Juncker, une majorité du Parlement européen se met fortement au diapason de la "grande coalition". Il n'existe pourtant pas au sein de ce parlement de majorité contre opposition par législature, comme dans les parlements nationaux et régionaux. Il est donc possible de forger des coalitions dossier par dossier. La formation d'une grande coalition revient à présent comme un boomerang au visage de ses architectes. »
Mark Demesmaeker, chef de groupe N-VA au Parlement européen, parle d'une « farce déplorable. Afin de se répartir le pouvoir, une coalition artificielle a été créée dont les partenaires se soutiennent bon gré mal gré en dépit de différences d'opinion internes souvent profondes. Cette évolution néfaste s'est déjà clairement révélée lors des auditions des candidats commissaires et prend désormais le Parlement en otage. Ce dernier se bloque lui-même. Il est grand temps de penser, d'oser et d'agir davantage, également au niveau européen. »