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Theo Francken : « Nous devons recréer une culture de la sécurité et de la résilience »

« Nous avons pendant trop longtemps été le moins bon élève d’Europe en matière de défense. Il est temps de faire renaître notre appareil de défense. Nous devons recréer une véritable culture de la sécurité et de la résilience », explique le député fédéral Theo Francken dans De Ochtend à l’occasion de la commission Défense. Il appelle également au bon sens : « Nous devons garder notre sang-froid. L’Union européenne communique de manière irréfléchie. C’est à l’OTAN de décider ce qui doit être fait ou non. »
Theo Francken s’est exprimé à l’occasion de la commission Défense chargée notamment de discuter de l’aide militaire apportée à l’Ukraine. « Cette aide arrive déjà trop tard. C’est toujours comme ça. Nous ne sommes visiblement pas capables d’évaluer correctement certaines situations, comme en Afghanistan, et agissons toujours de manière réactive plutôt que proactive. L’Ukraine réclamait de l’aide depuis des semaines, mais nous n’avons rien fait. Les signaux laissant présager une invasion de grande ampleur étaient pourtant très clairs », déplore Francken.
Une catastrophe
Les livraisons en tant que telles virent elles aussi à la catastrophe : « Le carburant promis n’est toujours pas arrivé, car nous n’avons pas suffisamment de moyens de transport. Nous allons livrer 5 000 mitrailleuses anciennes et parfois usées, le tout sans munitions. Et nos soldats stationnés en Roumanie ont eux-mêmes besoin des lance-roquettes. » Francken appelle donc le Premier ministre De Croo à se réunir au plus vite avec la FN Herstal et le ministre-président wallon Di Rupo afin de discuter de l’achat de munitions voire d’armes.
Communication irréfléchie
Pour Theo Francken, les livraisons d’armes sont d’un autre ordre que l’envoi d’avions de guerre ou la promesse d’une adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE. « L’Union européenne communique de manière amateuriste et irréfléchie », estime le député fédéral. « L’UE n’a tout simplement pas assez de connaissances ni d’expertise pour faire face à ce genre de situation. L’OTAN possède cette expertise. C’est donc à elle de décider ce qui doit être fait ou non. J’espère bien sûr que l’Ukraine l’emportera, mais nous ne devons pas perdre de vue la situation générale. »
Garder son sang-froid
Cette situation générale, c’est le risque permanent d’une escalade du conflit. « Nous devons garder notre sang-froid », explique Francken. « Il y a encore beaucoup à faire au niveau des sanctions économiques, mais nous ne devons pas nous attendre à ce que Poutine se retire immédiatement. Il ne le fera pas non plus si nous décidons soudainement d’envoyer des F-16. Mais dans ce cas, nous entrerions dans la logique de l’article 5 et le risque d’une guerre de grande ampleur, entre puissances nucléaires, augmenterait considérablement. Gardons donc notre sang-froid et concentrons-nous sur de nouvelles sanctions économiques », ajoute Francken.
Screening des réfugiés
Pendant ce temps, l’Europe s’apprête à faire face à un nouvel afflux de réfugiés. « Nous devons évidemment nous montrer solidaires, mais je m’interroge sur la communication hâtive du secrétaire d’État Mahdi. Les communes ont reçu lundi soir un courrier leur demandant d’indiquer rapidement comment elles comptaient organiser cet accueil. Je suis déjà perplexe à l’idée que les citoyens accueillent des réfugiés chez eux, mais l’accueil collectif doit lui aussi être amélioré. Il faudrait par exemple mettre en place un screening au niveau fédéral : qui sont ces personnes, sont-elles connues de la Sûreté de l’État, s’agit-il de véritables Ukrainiens ? Et comment assurer l’accompagnement psychosocial des réfugiés souffrant de troubles du stress post-traumatique ? On ne peut pas laisser les communes ou les citoyens s’en charger eux-mêmes. Ils n’ont pas l’expertise requise. »
La défense est la meilleure des assurances
Theo Francken plaidera également pour une hausse de notre budget de défense auprès du Premier ministre De Croo. « Le gouvernement vise une augmentation du budget de la défense à 1,5 % du PIB Le produit intérieur brut (PIB) correspond à la production totale de biens et de services au sein d’un pays, tant d’entreprises que des administrations. Il est généralement utilisé comme critère d’évaluation de la prospérité d’un pays. C'est la raison pour laquelle la N-VA surveille de près l’évolution du PIB belge. PIB d’ici 2030. Visons plutôt les 2 %, soit la norme de l’OTAN. Nous pourrons ainsi relancer notre appareil de défense et recréer une véritable culture de la sécurité et de la résilience. Nous avons pendant trop longtemps été le moins bon élève de la classe. La défense est la meilleure des assurances. »