Theo Francken : « Le système d’asile s’effondre sous nos yeux »

20 avril 2022

Pas moins de 3 247 (!) personnes ont demandé l’asile en Belgique au mois de mars, un chiffre jamais vu en sept ans. Sur le même mois de mars, à peine 28,5 % des demandeurs d’asile ont été reconnus en tant que réfugiés, un niveau historiquement bas. La liste d’attente continue donc de s’allonger et près de 20 000 personnes sont en attente d’une décision. Ces chiffres ne tiennent par ailleurs pas compte des dizaines de milliers d’Ukrainiens temporairement déplacés, qui suivent une autre procédure. Le coût explose et le montant record initial prévu pour l’accueil (527 millions) ne suffira pas. « Le système d’asile actuel s’est totalement effondré. La coalition Vivaldi poursuit cette danse funeste, tandis que les médias détournent les yeux », réagit le député fédéral Theo Francken.

Les chiffres de l’asile mensuels publiés par le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) sont alarmants. Le nombre de demandeurs d’asile ayant introduit une première demande dans notre pays a augmenté de 55 %, passant de 1 885 en mars à 2 922 en avril, soit le chiffre le plus élevé depuis la crise migratoire européenne de 2015.

Afghans

Un tel afflux est particulièrement inquiétant, d’autant plus qu’il existe un circuit séparé pour les réfugiés de guerre ukrainiens, en dehors du système d’asile. Des personnes de nationalité ukrainienne demandent certes encore l’asile, mais elles ne représentent que 13 % des nouveaux demandeurs pour le mois d’avril. Le problème est donc bien plus profond. Un grand nombre d’Afghans continuent d’entrer en Belgique de manière illégale ; ils représentent de loin le plus grand groupe de demandeurs d’asile cette année. Deux demandes sur trois sont toutefois rejetées.

Retard

Les chiffres du CGRA sont désastreux sur bien d’autres plans également. En avril, il y a eu 1 084 décisions finales dans des dossiers en cours de moins que de nouvelles demandes. À ce rythme, le retard administratif risque d’augmenter de pas moins de 13 000 dossiers cette année et d’atteindre un total absolument ingérable de 29 000 dossiers, soit presque le nombre total de places d’accueil. « À chaque mois qui passe, le délai d’attente pour les demandeurs d’asile s’allonge, ce qui réduit le nombre de places disponibles pour les nouveaux demandeurs », poursuit Francken.

Effondrement

« Le système d’asile s’effondre sous nos yeux et rien n’est fait pour réduire cet afflux. La solution est pourtant évidente : il faut réintroduire des quotas d’asile. Il faut refuser d’accueillir les demandeurs ayant déjà lancé une procédure d’asile dans un autre État membre de l’UE et mener la bataille juridique jusqu’à son terme en cas de besoin. Et il faut pour finir opter pour le modèle australien, comme l’ont fait le Danemark et le Royaume-Uni », conclut Francken.

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