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Sortir du nucléaire serait l’erreur du siècle

L’actualité ne trompe pas. Après un long silence, la dépendance énergétique de l’Europe et de la Flandre figure plus que jamais en tête des priorités. En matière d’énergie, l’enjeu principal est de trouver l’équilibre entre caractère abordable, durabilité et sécurité. Et c’est aux décideurs politiques de le faire.
Tergiversations
Un numéro d’équilibriste qui occupe le parlement fédéral depuis un certain temps déjà. Le premier accord a été conclu après quelques tergiversations et la crise ukrainienne a rendu la question encore plus sensible. Hier, le gouvernement a annoncé en grande pompe un deuxième train de mesures : des miettes alors que la population attend des actes forts.
Il a par exemple fièrement annoncé une baisse temporaire de la TVA à 6 %. Cela correspond à un montant d’à peine 89 euros bruts sur le gaz d’avril à septembre et de 114 euros bruts sur l’électricité de mars à septembre. Cette mesure arrive bien trop tard, car les citoyens ont déjà payé leurs énormes factures de l’hiver. Il n’y a donc pas de quoi se vanter, d’autant plus que ce montant sera récupéré via l’indexation des salaires.
Distorsion
Autre mesure phare : la prime mazout de 200 euros. Quand on sait qu’environ 70 % des Flamands se chauffent au gaz naturel et 52 % des Wallons au mazout, on remarque une véritable distorsion aux dépens des contribuables flamands.
Alors que la Flandre opte pour des mesures à long terme, comme une forte augmentation budgétaire (pour atteindre les 658 millions d’euros) pour la rénovation, l’isolation, les pompes à chaleur et les énergies renouvelables, le gouvernement fédéral privilégie des mesures minimes et temporaires. Une occasion manquée qui rend parfaitement hypocrite le doigt accusateur pointé vers le Gouvernement flamand. Sans oublier les éoliennes offshore dont le gouvernement fédéral ne cesse de parler en n’ayant pourtant encore rien réalisé de concret. Il se contente de conclure des accords et de réaliser des études. Mais il n’y aura pas d’extension de la production d’énergie offshore les cinq premières années.
Peut-on parler de véritable soulagement financier pour la population ? Loin de là. Il s’agit surtout d’une opération de communication pour donner le change avant la grande question de la législature : la sortie du nucléaire. Elle impliquerait encore plus de gaz, des prix plus élevés et plus d’argent public destiné à la construction des centrales à gaz.
De la communication héroïque aux murmures timides
Comme si ce n’était pas un problème avant la guerre en Ukraine, le gouvernement a été contraint de voir la réalité après l’attaque de Poutine : la dépendance énergétique vis-à-vis de régimes dictatoriaux n’est peut-être pas la meilleure solution d’avenir pour notre approvisionnement. La communication héroïque de la ministre Van der Straeten, se présentant comme LA ministre qui a enfin fait bouger les choses dans le dossier énergétique, s’est soudainement transformée en des murmures timides invitant à peut-être se pencher plus en détail sur le plan B. Les négociations à ce sujet ont à peine démarré.
Garder un maximum de centrales nucléaires ouvertes
Les cartes ont été trop fortement rebattues pour ne réclamer une prolongation des deux centrales nucléaires les plus récentes que pour dix ans. Si nous voulons réellement renforcer l’indépendance de l’Europe sur le plan énergétique, nous devons garder un maximum de centrales nucléaires ouvertes le plus longtemps possible. C’est également la position de l’Agence internationale de l’énergie. Pour plusieurs centrales du pays, cela implique de les prolonger jusqu’à ce qu’elles atteignent les 60 ans. Et pour les deux centrales les plus récentes, le Centre d’étude de l’énergie nucléaire a estimé qu’elles pouvaient même atteindre les 80 ans. Un gouvernement qui ne propose qu’une prolongation de dix ans ou moins ne le fait que dans le but de rendre le revirement de Groen moins douloureux.
La raison doit primer les dogmes verts
Les miettes jetées à la population montrent de manière douloureuse que le gouvernement fédéral est incapable d’agir de manière durable lorsque nous perdons le contrôle sur nos prix de l’énergie. Il est essentiel que la raison prime les dogmes écologistes vendredi prochain. Quiconque ferait aujourd’hui le choix conscient du gaz soumettrait davantage notre pays aux aléas de la géopolitique. Cher gouvernement fédéral, vous devez faire preuve de courage politique. Sortir du nucléaire aujourd’hui serait l’erreur du siècle.