Peut-être êtes-vous plus Wallon que vous ne le pensez ?

3 juillet 2019
Sander Loones

« La Belgique est composée de deux peuples : les Flamands et... les Belges. » Dans une tribune passionnante, le professeur Claude Desama propose de mettre de côté le fédéralisme, bloqué, et d’approfondir l’idée du Confédéralisme Si nous voulons changer quelque chose structurellement, nous devons changer les structures. Le confédéralisme est le changement structurel qui devrait être opéré en Belgique. Dans une confédération, la Flandre et la Wallonie auraient toutes les compétences. Elles les exercent elles-mêmes, mais peuvent également décider de gérer conjointement certaines compétences au niveau confédéral, dans leur intérêt respectif. La logique est complètement inversée : au lieu de transférer certaines compétences du niveau fédéral à la Flandre et à la Wallonie, les compétences peuvent être cédées au niveau confédéral. La collaboration forcée est remplacée par une collaboration volontaire. Devoir devient vouloir. On structure à partir du bas au lieu de scinder à partir du haut. Le confédéralisme équivaut dès lors à décider ensemble ce que nous souhaitons faire conjointement. confédéralisme . Et pour éveiller l’intérêt du lecteur, il a choisi cette citation de feu professeur de droit constitutionnel François Perin. Les Flamands et les Belges. Mais qui sont donc précisément ces Belges ?

Quand vous dites « Je suis belge », est-ce vraiment ce que vous voulez dire ? Ou bien le drapeau tricolore et le coq wallon se confondent-ils pour vous ? Les mots Belgique et Wallonie sont-ils en quelque sorte interchangeables ? Je me pose souvent cette question quand je regarde les médias francophones et que je parle avec des citoyens wallons et bruxellois. Que recouvre le drapeau ? Lorsque vous défendez la Belgique, ne voulez-vous en réalité pas dire Wallonie ? Alors pourquoi ne pas chérir et défendre cette identité wallonne explicitement et nommément ?

« On est quand même tous des Belges ? » Les Belges doivent se sentir partout chez eux. Pour certains, cela signifie que les autorités des communes côtières doivent les servir en français, alors qu’ils y vivent depuis des années et ont largement eu le temps d’apprendre le néerlandais. Si vous trouvez cela normal, pourquoi tant de protestations lorsque les Flamands demandent à être servis en néerlandais dans leur propre commune bruxelloise ? Dans notre capitale bilingue. Quiconque glorifie la Belgique devrait respecter l’autre et sa langue. Sauf si vos sentiments belges cachent en réalité une logique francophone wallonne.

Vous arrive-t-il souvent de lire des tribunes de responsables politiques flamands dans votre journal, comme vous le faites aujourd’hui ? Combien de responsables politiques flamands connaissez-vous d’ailleurs ? Et savez-vous quelles chansons figurent au sommet des hit‑parades en Flandre ? Quelles sont les stars les plus populaires du petit écran ? Quelles séries y battent des records d’audience ? Et au fond, est-ce que tout cela vous intéresse réellement ? Ou bien n’y prêtez-vous aucune attention et préférez-vous regarder les chaînes francophones et françaises ? Vous avez raison. C’est d’ailleurs la même chose pour la grande majorité des Flamands. Ils se tournent davantage vers les Pays-Bas que vers la Wallonie. Quelle Belgique ?

Après les élections, vous êtes-vous aussi demandé : « Mais que se passe-t-il donc en Flandre ? » Trouvez-vous le bon résultat des partis de droite radicale opposé à l’idée de Belgique ? Pensez-vous que cela ne pourrait pas arriver en Wallonie ? Jeudi, une chose m’a frappé : lors de ma prestation de serment à la Chambre des Représentants, je n’ai reçu aucun applaudissement de la part des collègues du Parti Socialiste (PS). Pas plus que les autres députés N-VA. Et ce, alors que la N-VA reste le plus grand groupe parlementaire et démontré qu’elle est un parti capable de gouverner et de prendre ses responsabilités. La N-VA a, elle, applaudi chaque nouveau parlementaire, quel que soit son parti. Imaginez que la N-VA n’ait pas applaudi les élus PS ou PTB, auriez-vous parlé d’attitude typiquement belge ou d’arrogance flamande ? Et comment qualifieriez-vous le comportement inacceptable du PS dans ce cas d’espèce ? De belge ?

Reste bien sûr les frites, les gaufres, les Diables rouges et le roi. Tous ces classiques sont pour beaucoup censés justifier l’existence belge. Mais le fromage de Herve n’est-il pas plutôt wallon selon vous ? Et le beurre d’Ardenne, le pâté gaumais, les couques de Dinant et les baisers de Malmedy ? Ou encore un petit verre d’Eau de Villée, de Maitrank ou de Chaudfondtaine ? Vous vous sentiez plus proche de Justine Henin que de Kim Clijsters ? Ce n’est pas surprenant. En Flandre, c’est toujours Kim Gevaert qui a suscité plus d’intérêt qu’Olivia Borlée.

Vous dites « Belgique » mais en réalité vous faites référence à la « Wallonie » ? Ce n’est pas un problème. Au contraire. Mais appelons un chat un chat. Quand vous célébrez la Belgique, vous célébrez en fait la Wallonie. Quand vous voyez des stars belges, elles sont en général wallonnes. Quand vous défendez des responsables politiques belges, ce sont généralement des francophones. Quand vous hissez le drapeau belge, le coq wallon y est inscrit en filigrane. Vive la Belgique ? Dites vive la Wallonie ! Vous êtes peut-être plus wallon que vous ne le pensez. Alors pourquoi ne pas défendre votre identité en tant que label de qualité : librement et avec fierté.

Sander Loones
Député N-VA

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