Peter De Roover à propos de l’opération d’évacuation belge en Afghanistan : « Si les Pays-Bas ont été sourds, la Belgique a carrément été aveugle »

29 septembre 2021
Afghanistan

Aux Pays-Bas, l’aveu du gouvernement, resté sourd face au cri de détresse de sa propre ambassade, a poussé deux ministres à présenter leur démission. La ministre Wilmès ne s’est pas montrée aussi embarrassée à la Chambre. La situation n’est pourtant pas meilleure, bien au contraire, estime le chef de groupe N-VA Peter De Roover : « Si les Pays-Bas ont été sourds, la Belgique a carrément été aveugle. Ni notre ambassade, ni la ministre ni le gouvernement n’avaient conscience de la situation sur le terrain, jusqu’à ce que le téléphone se mette à sonner le dimanche. »

Que savait la ministre Wilmès ?

Au sein de la commission Affaires étrangères de la Chambre, la ministre Wilmès a répondu mardi à plusieurs questions relatives à l’opération d’évacuation Red Kite et à la vision du gouvernement des relations futures avec les talibans. Si ce n’est de très nombreux chiffres sur les personnes évacuées ou toujours sur place et une promesse d’ouverture à la collaboration sans reconnaissance, la ministre n’a guère livré de détails intéressants. Jusqu’à ce que Peter De Roover demande ce que la ministre savait précisément et quand le gouvernement est réellement entré en action.

Une réponse déplorable de la ministre

La réponse de la ministre fut déplorable, estime Peter De Roover. « D’après la réponse de la ministre, l’ambassade responsable à Islamabad a commencé à appeler les personnes qu’elle connaissait en juillet afin de leur suggérer de quitter le pays. Le 14 août, veille de la chute de Kaboul, l’ambassade n’avait connaissance que de 34 personnes inscrites auprès d’elle et de 15 personnes ayant indiqué aux Affaires étrangères qu’elles se rendaient en Afghanistan. Elle avait rappelé ces personnes. Trois avaient répondu et une seule avait demandé de l’aide. »

Le plan s’écroule comme un château de cartes

Pour l’ambassade, l’affaire était donc close, explique De Roover. « Ce n’est que le lendemain, lorsque Kaboul est tombée, que l’ambassadeur a alerté Bruxelles en indiquant que le chiffre était plus élevé que prévu et qu’il allait certainement encore augmenter. Le plan censé permettre aux quelques Belges présents en Afghanistan d’être évacués dans les avions de nos partenaires s’est écroulé comme un château de cartes. Dans la précipitation, le cabinet Wilmès a alors pris contact de manière informelle avec la Défense et notre armée a dû élaborer un plan de pont aérien en quelques heures. »

Le gouvernement n’a pas su évaluer la situation

Le député fédéral Peter De Roover tire la seule conclusion possible : « Malgré le départ des Américains annoncé depuis plusieurs mois et deux décennies de présence militaire de notre pays sur place, le gouvernement n’a pas été en mesure d’évaluer le nombre réel de "Belges" présents dans le pays et devant être évacués : le chiffre est passé d’une dizaine à près de deux mille ayants droit à sauver. »

Une véritable humiliation pour le gouvernement Vivaldi

« Alors que nos voisins néerlandais savaient mais n’ont pas réagi à temps, notre ministre a admis sans rougir que nous étions dans l’ignorance totale jusqu’à ce que les images nous parviennent. Et beaucoup trouvent visiblement cela acceptable. Nous pas. C’est une véritable humiliation pour le gouvernement, les Affaires étrangères et nos services de renseignement. Ce pays et son gouvernement se sont montrés totalement déconnectés de la réalité en Afghanistan et n’avaient pas du tout conscience de l’augmentation des voyages de ses réfugiés et citoyens possédant la double nationalité. La coalition ne peut balayer cela d’un revers de la main, elle doit en tirer les conclusions qui s’imposent », conclut Peter De Roover.

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