Nous pouvons faire face au changement climatique

1 février 2019
Bart De Wever

« Nous devons oser investir dans l’avenir et laisser au moins les réacteurs nucléaires les plus récents ouverts », explique le président de parti Bart De Wever dans une tribune.

Adolescent dans les années 80, j’étais persuadé que les pluies acides tueraient toutes les forêts d’Europe. Je me souviens avoir pris le tram un mercredi après-midi pour aller voir les statues de la porte de la cathédrale, car j’avais lu que les pluies acides les défigureraient et que je craignais de ne plus jamais les voir.

La menace des pluies acides a finalement été écartée, et les nouvelles centrales nucléaires ont joué leur rôle. Plus tard, j’ai appris que ma génération n’avait pas été la seule à craindre la fin du monde. Bien plus tôt déjà, des prévisions apocalyptiques avaient prédit la fin de l’humanité si nous ne changions pas radicalement notre mode de vie.

Mais toutes ces crises illusoires ont finalement cédé devant le génie humain. Après un certain temps, on devrait normalement se fonder davantage sur la raison que sur les émotions. Mais ce n’est pas le cas. Et on n’a de cesse de brandir la menace que représentent les émissions de CO2 pour la planète, en nous expliquant qu’il est déjà trop tard et que nous sommes tous condamnés.

L’homme a un impact indéniable sur la nature. Il y a un siècle, le paludisme était une maladie endémique et des personnes mouraient de la polio ou de la rougeole. Nos rivières étaient des égouts à ciel ouvert et la pollution s’accumulait sur les quais de l’Escaut. Aujourd’hui, le Reep de Gand a rouvert et les poissons nagent à nouveau dans l’Escaut. La qualité de l’air en Flandre s’améliore d’année en année. Même le loup a refait son apparition.

Nous avançons et le devons à la force de l’innovation humaine et du progrès technologique. Nous devons abandonner ces scénarios catastrophes et adopter une vision positive. Cela nécessite une analyse honnête des coûts et bénéfices des mesures prises et à prendre. Mais quand on le propose, on se retrouve accusé de nier le problème. La seule réponse possible, ce sont des objectifs climatiques toujours plus ambitieux.

Des objectifs impossibles à atteindre car la technologie nécessaire pour réaliser cette transition en maintenant notre croissance économique et notre prospérité n’est pas encore au point. Ce qui permet aux catastrophistes de réclamer des changements de comportement totalement irréalistes. Voyage en avion, animal de compagnie, feu ouvert ou même simple sandwich : tout cela risque bientôt d’être réservé aux seules personnes qui en auront les moyens.

Car ce sont les citoyens sur qui pèseront ces mesures qui visent à changer les comportements. Ce ne sera pas un problème pour qui peut se permettre d’investir dans des panneaux solaires ou une voiture électrique. Mais celui qui doit se saigner pour payer ses factures vertes ne peut lui pas se permettre de s’inquiéter de la fin du monde. Il s’inquiète déjà trop pour ses fins de mois.

Il est évident que nous devons réduire nos émissions de CO2 et notre dépendance aux carburants fossiles. Et tous les aspects de la politique doivent être pris en compte : planification urbaine, prescriptions urbanistiques, écofiscalité, verdissement du parc automobile, énergie verte, gestion de l’eau, réduction du CO2 dans l’industrie, transfert modal en matière de mobilité, rénovation...

Mais la clé réside en réalité dans la créativité humaine. Dans notre capacité à nous adapter et à nous réinventer. Prenons l’exemple du réacteur MYRRHA, dans lequel nous avons déjà investi des centaines de millions d’euros. Il doit permettre de tester les réacteurs nucléaires les plus sûrs et les plus modernes, et même de recycler en partie les déchets nucléaires. Mais d’ici à ce que la recherche soit terminée, nous devrions être sortis du nucléaire depuis longtemps. C’est totalement incompréhensible. Nous devons oser investir dans l’avenir et laisser au moins les réacteurs nucléaires les plus récents ouverts.

La technologie disponible en matière d’énergies renouvelables ne suffira pas à couvrir nos besoins actuels, sans même parler d’un avenir sans carburants fossiles. Si la réponse est le déclin économique et le chaos social en raison de pertes d’emploi massives, je préfère passer mon chemin. Mais nous ne devons pas en arriver là. La transition énergétique majeure à laquelle nous allons faire face peut être une opportunité économique.

Les carburants fossiles sont limités et rendent nos ménages, nos entreprises et notre mobilité directement dépendants de pays non occidentaux. La sortie de l’énergie fossile serait une occasion unique de devenir plus autonomes, plus forts et plus résistants. Un mélange entre énergies renouvelables et énergie nucléaire est la meilleure garantie d’abordabilité, de sécurité et de durabilité. Je suis absolument convaincu que nous pouvons y arriver.

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