Monsieur Magnette, ouvert au dialogue ?

12 mars 2013

C’est avec un plaisir sans cesse renouvelé que je lis chaque billet du président du PS Paul Magnette dans le Standaard. Après nous avoir fait part de son intention de créer une nouvelle nation composée de Bruxelles et de la Wallonie, voilà que dans ses derniers écrits, il professe sans détour sa foi en une autonomie wallonne.

En effet, selon lui, une seule raison permet d’expliquer le taux de croissance supérieur de la Wallonie à celui de la Flandre : le Plan Marshall, soit la politique du Gouvernement wallon. Mieux encore, monsieur Magnette ne fait même plus référence au gouvernement fédéral. Toujours d’après lui, une autre politique européenne peut faire la différence et la Wallonie et la Flandre devraient se compléter et se renforcer à ce niveau. Il ne parle tout simplement plus de la Belgique dans sa démonstration. Nous connaissons des séparatistes non avoués qui ont été écartés par le souverain pour moins que ça.

Une Wallonie autonome dans une Europe plus forte, tel est donc le message du PS. Il est tentant de donner entièrement raison à monsieur Magnette. Toutefois, les bonnes nouvelles sur l’indépendance de la Wallonie sonnent quelque peu faux. Contrairement à la Flandre, l’Europe considère toujours la Wallonie comme une région à la traîne. Par conséquent, les Wallons peuvent compter sur une série de subsides pour alimenter leur économie. Ceux-ci sont un instrument crucial du Plan Marshall pour attirer des entreprises créatrices d’emploi. La Flandre ne peut compter sur un tel avantage. Toutefois, elle finance très généreusement son voisin wallon. Avec 24 900 euros en 2011, le revenu primaire par habitant en Flandre restait supérieur de 23,5 % par rapport à celui enregistré au sud du pays. Cependant, après impôts et allocations, il ne reste plus que 19 382 euros au Flamand, qui voit ainsi son avance sur le Wallon réduite d’un tiers. Une vision différente sur les célèbres Transferts Les flux monétaires de la Flandre vers Bruxelles et la Wallonie sont appelés des transferts. Le montant des transferts par le biais du budget fédéral, de la loi de financement et de la sécurité sociale serait de 6 à 7 milliards d’euros par an, voire de 11 milliards d’euros s’il est tenu compte du remboursement de la dette. Le montant des transferts est toujours contesté du côté francophone où les transferts sont considérés comme une mesure de solidarité. Une étude du Vives (KULeuven) a démontré que les transferts ne servent pas la solidarité mais ont plutôt un effet paralysant sur la croissance tant de l’économie wallonne que de l’économie flamande. transferts grâce auxquels la Wallonie est en mesure de financer sa politique...

Mais les chiffres restent les chiffres : en l’espace de dix ans, l’économie flamande et l’économie wallonne ont augmenté d’un peu plus de 14 %, mais depuis cinq ans, la Wallonie enregistre un taux de croissance considérablement plus rapide que celui des cinq années précédentes, mais aussi que celui de la Flandre.

Que doit dès lors faire la Flandre pour passer à la vitesse supérieure ? Le taux d’emploi de 71,8 % en 2011 (contre 62,2 % en Wallonie) révèle à quel point la Flandre pâtit de l’avance qui la freine. En Flandre, le taux de chômage de 3,5 % chez les 20-64 ans reste même largement inférieur à celui enregistré par l’Allemagne. Si l’on ajoute à cela le vieillissement de la population flamande, on constate que la Flandre doit de toute urgence se mettre en quête d’une main-d’œuvre plus jeune afin de poursuivre sa croissance sur le plan économique. Nous pourrions atteindre notre objectif à travers une politique migratoire flamande judicieuse mais la migration reste une compétence fédérale et la Belgique se classe en tête des États européens dans le domaine de la migration passive. En d’autres termes, notre pays connaît un afflux d’immigrés, mais la grande majorité d’entre eux n’ont pas l’intention de suivre des études ou de travailler. Dans ma ville, près de 70 % des jeunes enfants sont d’origine étrangère et le taux de chômage au sein de la population allochtone est effroyablement élevé. Dès lors, tout le potentiel de la migration n’est pas exploité. Une enquête révèle que de ce fait, aucun autre pays européen ne porte un regard aussi négatif sur les conséquences sociales de la migration. De surcroît, la Flandre pourrait également avoir la possibilité d’étendre, progressivement mais nettement, la durée des carrières, parmi les plus courtes d’Europe. Mais cette compétence est elle aussi fédérale et les dernières réformes des pensions sont, selon les déclarations de Bruno Tobback dans Le Soir, « insuffisantes et très petites ».

La Flandre peut encore opter pour une réforme selon le modèle allemand qui lui permettrait de réduire les coûts salariaux par unité de produit au moyen de mesures fiscales et, de cette manière, absorber davantage d’emplois. Malheureusement, cette compétence est une fois de plus fédérale et sous le gouvernement Di Rupo, les recettes publiques ont été augmentées à un rythme vertigineux pour atteindre 51 % du PIB Le produit intérieur brut (PIB) correspond à la production totale de biens et de services au sein d’un pays, tant d’entreprises que des administrations. Il est généralement utilisé comme critère d’évaluation de la prospérité d’un pays. C'est la raison pour laquelle la N-VA surveille de près l’évolution du PIB belge. PIB . L’économie d’exportation ouverte de la Flandre doit à présent rattraper son retard face à son voisin allemand avec un Handicap salarial Le handicap salarial est la mesure dans laquelle les salaires sont supérieurs dans un pays déterminé par rapport à un ou plusieurs pays concurrents. Le handicap salarial a, en règle générale, un impact négatif sur la croissance économique et la création d’emplois et c’est pourquoi une loi qui dispose que la Belgique ne peut plus avoir un plus grand handicap salarial est en vigueur dans le pays depuis 1996. handicap salarial de pas moins de 25 %.

En conclusion : l’autonomie peut fonctionner pour la Wallonie mais le manque d’autonomie ne fonctionne pas pour la Flandre. C’est la raison pour laquelle je lance un appel au président du PS : permettez-nous également de bénéficier de l’instrument si rentable selon vous pour la Wallonie. Votre volonté de travailler ensemble pour et au sein d’une Europe plus forte nous ravit. Une bonne discussion à ce sujet est-elle réellement inimaginable à vos yeux ?

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