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Lutter contre l’excision, y compris à l’étranger

De plus en plus souvent, des jeunes filles vivant en Belgique sont excisées à l’étranger. « Si nous agissons avec fermeté dès à présent, nous pouvons mettre fin à cette pratique cruelle et inutile au cours de ce siècle », affirme la secrétaire d’État à l’Égalité des chances Zuhal Demir. En collaboration avec le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders (MR), elle a d’ores et déjà attiré l’attention des voyageurs sur 24 pays à risque où cette pratique est encore en vigueur. Désormais, les voyageurs seront explicitement informés du fait que la Belgique poursuit toute personne qui effectue, facilite ou promeut des mutilations génitales sur un mineur, même si cela a lieu en dehors des frontières nationales. Dans cette lutte, Demir compte également sur le soutien du monde médical : « Contrairement à ce que beaucoup de médecins pensent, le signalement de mutilations génitales ne constitue pas une violation du secret professionnel. Les médecins ont droit à la parole. Ils n'en font juste pas suffisamment usage. »
« Les mutilations génitales féminines sont un problème sous-estimé en Belgique et dans d’autres pays de l’UE », explique Demir. « Nous l’associons aux pays en développement d’Afrique, où le problème disparaît lentement, mais il est souvent planifié et probablement exécuté ici. On estime à 4 000 le nombre de filles en danger dans notre pays. Pour plus de 13 000 femmes, c'est déjà trop tard. Et ces chiffres sont sujets à caution. Vu l’afflux de demandeurs d’asile, les chiffres réels sont certainement bien plus élevés. Si les autorités ne réagissent pas, ce n’est plus du laxisme, mais de la négligence coupable. » La lutte contre l’excision fait partie d’une politique fédérale intégrale, intégrée dans un plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basée sur le genre.
La fermeté fonctionne
Des exemples venus de l’étranger montrent que la détection et la répression des exciseurs locaux ont un véritable effet dissuasif, tant sur les exciseurs que sur les parents. « Mais l’adaptation des conseils de voyage n’a pas uniquement pour but d’effrayer. Bien au contraire », souligne Demir. « Beaucoup de parents qui ont bien compris l'inutilité de cette coutume se laissent influencer par la pression du groupe et laissent leurs filles se faire mutiler. Les possibles conséquences juridiques en Belgique doivent leur permettre de tenir bon. » La secrétaire d’État n’est pas favorable à la condamnation des parents : « En général, les mères ont elles-mêmes été victimes de cette pratique. Sanctionner humainement constitue une forme de sensibilisation. Nous le devons à des milliers de filles aujourd’hui. Et bien plus encore demain. »
Code de signalement pour les médecins
Le monde médical joue également un rôle important dans la lutte contre les mutilations génitales féminines. « Aujourd’hui, le nombre de signalements de la part de médecins est incroyablement bas. Nous ne pouvons pas l’accepter. Nous pouvons et devons faire mieux », estime Demir. « Je souhaite ouvrir un débat avec le monde médical au cours des semaines, mois et années à venir. Nous travaillons actuellement à un code de signalement pour les médecins : un guide décrivant la législation, mais aussi une série de démarches à effectuer en cas de doute. Quiconque reste silencieux "parce qu’il est déjà trop tard" risque de mettre en danger une petite sœur plus jeune. »