L’UE doit renforcer la lutte contre l’utilisation abusive de logiciels espions

15 juin 2023

Le Parlement européen a approuvé une série de recommandations visant à lutter plus efficacement contre l’utilisation abusive de logiciels espions. La commission d’enquête Pega, lancée l’année dernière, a en effet mis en lumière une utilisation problématique du logiciel d’espionnage Pegasus au sein de l’UE et souhaite que des mesures soient prises afin d’éviter que cela ne se reproduise. « L’utilisation de logiciels espions à des fins politiques est contraire à nos droits fondamentaux et constitue un danger pour la démocratie en Europe. Notre enquête a révélé de très nombreuses choses. C’est maintenant aux États membres d’agir sur la base des propositions approuvées, car la sécurité nationale relève bien évidemment toujours des États membres », réagit Assita Kanko, membre de la commission Pega.

Pegasus est un logiciel espion capable de pénétrer dans les smartphones sans se faire remarquer afin d’accéder à tous types de données. Il permet ainsi de voler des documents et des photos, mais aussi de déterminer la localisation de l’appareil et d’en utiliser le micro pour écouter des conversations.

Conditions

Le rapport de la commission d’enquête du Parlement européen condamne l’utilisation de Pegasus et de logiciels de ce type à des fins d’influence politique. Certains États membres ont utilisé de tels logiciels pour intimider l’opposition et les médias et manipuler les élections. L’utilisation de logiciels espions n’est pas interdite en soi, mais elle doit être proportionnée et satisfaire à certaines conditions. Ces conditions sont maintenant énoncées dans un rapport et approuvées par le Parlement européen.

Ainsi, un logiciel espion ne peut servir que dans des cas exceptionnels, dans un but préalablement défini et pour une durée limitée. Les personnes ciblées doivent en être informées et une définition uniforme de la notion de « sécurité nationale » en tant que motif de surveillance doit être donnée.

Big Brother

Assita Kanko : « L’espionnage à des fins politiques est un véritable fléau à certains endroits. Nous devons à tout prix lutter contre. Sommes-nous prêts à abandonner nos données à des régimes douteux et à accepter que des opposants et des juges travaillent dans un environnement digne de Big Brother ? Outre ces intrusions dans nos vies privées, nous devons également nous pencher sur le problème général de l’espionnage de tous par tous et de la sortie de conversations privées de leur contexte pour les publier de manière anonyme. »

Liberté de la presse

Kanko souligne également l’importance d’une presse libre et critique, les journalistes faisant eux aussi l’objet d’un espionnage stratégique et d’une censure : « Tout le monde a une caméra en main aujourd’hui. Au moindre incident, on dégaine son smartphone. Ce phénomène est appelé Little Brother. Si l’on y ajoute l’espionnage de la part des autorités, il devient impossible de faire du journalisme sérieusement. Que nous restera-t-il si le réflexe critique disparaît ? Le plus grand péril pour notre démocratie est l’incapacité à savoir ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. »

Esprits aiguisés

Pour finir, Kanko évoque le problème plus large de l’espionnage et le fait que la législation ne peut malheureusement pas tout résoudre : « Big Brother et Little Brother progressent, avec la censure et la désinformation à la clé. La démocratie et les droits de l’homme sont en danger, mais la législation n’est malheureusement pas suffisante. Le respect de la vie privée ne s’obtient pas uniquement par des lois, nous avons surtout besoin d’esprits ouverts et aiguisés. C’est notre responsabilité collective en tant que société. »

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