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Levée d’immunité : la N-VA ne votera pas l’envoi de Puigdemont en prison
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Le lundi 8 mars, à la demande de la justice espagnole, le Parlement européen a procédé à un vote concernant la levée de l’immunité des eurodéputés Carles Puigdemont, Antoni Comin et Clara Ponsanti, défenseurs de l’indépendance politique de la Catalogne. La délégation N-VA s’y oppose : « Le fait de défendre le droit à l’autodétermination ne mérite pas l’exil ni de passer dix ans derrière les barreaux », estime l’eurodéputée Assita Kanko.
Trouvant ces poursuites politiques injustifiées, Assita Kanko et les autres eurodéputés N-VA Geert Bourgeois et Johan Van Overtveldt ont voté contre la levée d’immunité. « Nous défendons le droit à l’autodétermination des peuples partout et à tout moment, y compris sur le plan politique. C’est avant tout une question de liberté d’expression. Il est inacceptable de lancer des poursuites pénales pour la simple organisation d’un référendum. »
Liée à la volonté d’indépendance
Kanko se sent liée à la volonté d’indépendance de la Catalogne : « Il n’y a rien de mal à ce qu’un mouvement ou parti politique poursuive cet objectif à travers des moyens démocratiques. Nous sommes nous aussi des démocrates, et nous ne comprenons pas que de simples débats au sein d’un parlement régional, des manifestations politiques, l’expression d’une opinion ou même l’organisation d’un référendum puissent donner lieu à des années de réclusion dans un État membre de l’UE. Nous avons par ailleurs tous été témoins des violences disproportionnées à l’encontre des manifestants. »
Les relations entre l’Espagne et la Catalogne sont extrêmement complexes. Cette volonté d’indépendance découle de vieilles blessures et lignes de fracture ancrées dans l’histoire du pays. La rivalité entre Madrid et Barcelone va bien au-delà du football, explique Kanko. « Notre groupe N-VA au Parlement européen n’a pas à se prononcer sur le fond du conflit, mais refuse toute idée de poursuites politiques au cœur de l’Europe. »
Dangereux pour la réputation de l’Union européenne
La réputation de l’Union européenne risque d’en pâtir, estime Kanko. « Comment l’Europe va-t-elle bien pouvoir rester crédible sur les questions de démocratie, de droits politiques et de droits de l’homme face à Poutine ou d’autres ? C’est un boomerang qui risque de nous revenir en pleine figure. »
Si d’un point du vue purement juridique, la justice espagnole peut très bien être compétente, les conséquences politiques dépassent les frontières de l’Espagne, estime Kanko. « On a l’impression qu’ils sont entrés dans une logique strictement légaliste il y a plusieurs années et ne parviennent plus à en sortir. Des infractions à la législation espagnole peuvent certainement être invoquées, mais les juges belges ont eux aussi estimé que tout n’était pas normal sur le plan juridique et ont refusé la demande d’extradition. »
Comme dans « Le Procès » de Kafka
« Nos amis catalans doivent avoir le sentiment de faire l’objet d’une procédure judiciaire incompréhensible, comme Joseph K. dans Le Procès de Kafka. Il ne faut pas non plus oublier qu’ils sont privés de leurs partenaires, de leurs enfants et de tous ceux qui leur sont chers. J’appelle mes collègues du Parlement européen, flamands et autres, à voter contre la levée d’immunité de Carles Puigdemont et de ses alliés », conclut Kanko.