Les gangs de dealers se livrent à de graves violences à Bruxelles

7 juillet 2020
Mathias Vanden Borre

« Ce n’est pas en le laissant sommeiller que l’on va résoudre le problème de la drogue. » Le député bruxellois Mathias Vanden Borre attend une plus grande volonté des responsables politiques bruxellois dans la lutte contre les violences liées à la drogue à Bruxelles. « Lorsque les autorités se retirent, les gangs violents prennent leur place. »

Les violences liées à la drogue ont pris des formes de plus en plus brutales ces dernières semaines. Deux clans tristement célèbres actifs dans le trafic de drogue se livrent une violente guerre territoriale sur différentes communes, notamment Saint-Gilles, Forest, Anderlecht et Bruxelles.

Trois mois de violences liées à la drogue

Petit récapitulatif des faits évoqués dans les médias ces trois derniers mois :

  • Le vendredi 24 avril vers 21h40, plusieurs coups de feu ont été tirés à hauteur du croisement entre la rue Eloy et le boulevard de la Révision à Anderlecht. Une personne a été blessée et emmenée à l’hôpital. Le parquet a ouvert une enquête concernant plusieurs individus.
  • Le lundi 11 mai vers 20h40, des coups de feu ont été tirés à hauteur de la Drève Olympique à Anderlecht au cours de violences urbaines. D’après le parquet, plusieurs personnes s’y étaient donné rendez-vous afin de régler un différend. Lorsque des membres d’une des deux bandes ont remarqué que l’autre bande était armée, ils auraient tenté de renverser leurs opposants au volant de leurs véhicules. Ces derniers ont alors tiré dans leur direction. Si les tirs n’ont pas fait de victime, deux personnes ont été blessées après avoir été renversées.
  • La même nuit, une grenade a explosé non loin du Parlement fédéral. L’auteur n’a toujours pas été identifié. Le parquet a ouvert une enquête. Tout semble indiquer un règlement de comptes au sein du milieu criminel, mais le motif reste obscur.
  • Le jeudi 18 juin, vers 23h30, place des Héros à Saint-Gilles. Des témoins ont vu et filmé un homme portant une veste violette tirer quatre coups de feu en direction d’une autre personne. Lorsque la police est arrivée sur les lieux, il avait déjà pris la fuite. Un homme a été légèrement blessé et a dû être emmené à l’hôpital.
  • Le week-end dernier, sur la place Orban à Forest, un homme a été abattu à la kalachnikov et deux autres, très jeunes, ont été blessés.

Deux clans luttent pour le contrôle du commerce de cannabis

D’après Mathias Vanden Borre, cette guerre de la drogue dure depuis des mois. « Les deux clans cherchent à contrôler le commerce de cannabis et n’hésitent pas à recourir à une violence extrême au besoin. Des sources policières parlent d’un nouveau venu : une famille criminelle de Saint-Gilles. Elle s’est rapidement forgé une terrible réputation et souhaite étendre son trafic, notamment du côté de la place Orban, là où les faits de ce week-end se sont produits. L’autre bande est un clan connu d’Anderlecht. »

Le bourgmestre Ecolo de Forest a la « solution » : la légalisation

Pour le bourgmestre de Forest Stefan Roberti (Ecolo), la légalisation du cannabis est la solution. Vanden Borre n’est pas d’accord. « Non, la légalisation n’est absolument pas la solution. Les drogues génèrent de graves problèmes sociaux. En tant que société, nous ne pouvons pas nous permettre d’accepter les drogues, avec toutes les conséquences qui en découlent. Il est évident que la prévention et l’assistance doivent primer la répression, mais nous ne devons pas laisser les gangs l’emporter. Bruxelles se montre par exemple beaucoup trop laxiste avec les weed shops, qui très souvent vendent des substances interdites et extrêmement dangereuses. »

La lutte contre les gangs de dealers n’est pas une priorité pour le PS

Sous la direction de son ministre-président Rudi Vervoort (PS), la Région bruxelloise pourrait se montrer bien plus volontaire dans la lutte contre les gangs et les drogues illégales, estime Vanden Borre. Mais Vervoort ne semble pas en faire une priorité. Un système de caméras unifié pour les six zones de police serait par exemple très utile afin de repérer les gangs. Mais après six ans et des dizaines de millions d’euros dépensés, il n’est toujours pas opérationnel.

La possession de stupéfiants a plus que doublé, mais le monde politique reste muet

Mathias Vanden Borre renvoie aux chiffres relatifs à la criminalité liée aux gangs et aux drogues entre 2008 et 2018. « Ils devraient activer tous les signaux d’alerte. Mais le monde politique reste muet. La possession de stupéfiants a plus que doublé, tout comme leur vente. La détention illégale d’armes a augmenté de 70 %. Autant de raisons de lutter avec fermeté contre la violence des gangs et les drogues. »

Le bourgmestre demande à la police de ne pas se montrer trop ferme

Mathias Vanden Borre conclut : « J’ai appris de sources policières que le bourgmestre Roberti avait demandé à la police de ne pas se montrer trop ferme aux alentours de la place Orban. Craindrait-il les représailles des gangs ? Ou bien espère-t-il que le problème va disparaître comme par enchantement ? Les riverains réclament davantage de contrôles. Ils ont raison. Car ce n’est pas en le laissant sommeiller que l’on va résoudre le problème de la drogue. Au contraire, lorsque les autorités se retirent, les gangs violents prennent leur place. »

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