« Le vaudeville autour des subventions pour la distribution de journaux est une véritable honte pour le monde politique »

30 novembre 2023
Michael Freilich

Cela vire au mauvais feuilleton : la manière dont le gouvernement tente d’éviter la débâcle dans le dossier relatif aux subventions pour la distribution de journaux. Bpost bénéficie d’une concession sur mesure pour la distribution de journaux et de magazines depuis huit ans, avec une subvention de quelque 175 millions d’euros par an. « Pendant des années, on a créé une concession démesurément lucrative et sur mesure pour une entreprise bien spécifique. Bpost a déjà touché pas moins de 1,4 milliard d’euros d’argent public sous forme de subventions pour la distribution de journaux. Et maintenant qu’elle risque de perdre sa concession, on souhaite changer les règles. C’est une honte », déclare Michael Freilich.

Bpost aurait enfreint la loi en négociant avec d’autres parties afin de remporter ce contrat lucratif. Cette concession doit maintenant être renouvelée pour l’année prochaine, pour un montant moindre de 125 millions d’euros par an. Mais qu’apprend-on ? Que deux autres acteurs, les sociétés de distribution PPP et Proximity, ont fait des offres beaucoup moins onéreuses, l’une pour la distribution de journaux et l’autre pour la distribution de magazines. Logique : cette subvention avait été artificiellement surévaluée dès le départ uniquement dans le but d’octroyer à bpost davantage d’argent public.

Tous les moyens sont bons pour le PS

D’un point de vue juridique, le gouvernement ne peut plus attribuer la nouvelle concession à bpost étant donné les offres inférieures des deux concurrents. Les syndicats de bpost tirent donc la sonnette d’alarme en brandissant des pertes d’emploi importantes en pleine année électorale, ce qui met le PS dans une position particulièrement délicate. Les socialistes francophones tentent depuis une semaine de limiter les dégâts en recourant à toutes sortes de procédés créatifs, comme la prolongation temporaire de l’ancienne concession, voire son remplacement par une réduction fiscale sur les abonnements aux journaux papier. « Tous les moyens sont bons pour le PS pour éviter d’attribuer la concession à un concurrent de bpost », réagit Freilich. « Combien de temps encore allons-nous privilégier les intérêts d’une entreprise au détriment du bien commun ? C’est une honte pour le monde politique ! »

Manigances

Freilich : « D’après le vice-Premier ministre Pierre-Yves Dermagne (PS) et la ministre compétente De Sutter (Groen), la concession et les subventions sont "importantes pour notre démocratie". Bizarre, car il n’existe aucune subvention de ce type aux Pays-Bas, en Allemagne ni dans aucun autre pays d’Europe. Le paysage de la presse y est pourtant tout aussi florissant. Tout le monde a bien compris les manigances de bpost. Comme bpost ne bénéficiera plus de la concession, le gouvernement cherche à modifier les règles. C’est inacceptable. L’intérêt commun doit primer l’intérêt privé d’une entreprise. »

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