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Le retard de traitement des demandes d’asile échappe à tout contrôle : plus de 10 000 dossiers

Si le nombre de demandes d’asile se situe à un niveau historiquement bas, le retard dans leur traitement a lui fortement augmenté. Il dépasse les 10 000 dossiers pour la première fois depuis la crise migratoire de 2015-2016. Les députés fédéraux Darya Safai, Theo Francken et Yoleen Van Camp souhaitent que le secrétaire d’État propose un plan concret afin de résorber ce retard.
Darya Safai : « Des procédures plus longues signifient un accueil plus long et un retour plus compliqué »
Pour la députée fédérale Darya Safai, la rapidité des procédures est une question de respect envers le demandeur, mais aussi envers la société. « Plus une procédure dure longtemps, plus l’accueil dure longtemps, ce qui augmente la pression sur le réseau d’accueil et les coûts. Et plus une procédure est longue, plus il est difficile d’organiser le retour. Nous nous dirigeons vers une situation où nous allons accueillir des gens pendant des années avant de leur demander de retourner si leur demande est refusée, ce qui est le cas sept fois sur dix. »
Theo Francken : « Des années de travail réduites à néant »
Quand il était secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, le député fédéral Theo Francken avait travaillé d’arrache-pied avec les administrations pour résorber le retard de traitement des demandes d’asile lié à la crise migratoire de 2015. « Grâce au personnel supplémentaire, nous avons pu unir nos forces pour résorber entièrement le retard, passant de 13 375 dossiers en 2016 à seulement 4847 en 2018, soit une charge de travail normale qu’il est possible de traiter dans un délai indicatif de trois mois. Un travail de titan. Cela nous a permis de réduire le réseau d’accueil de plus de 10 000 lits. Tout ce travail a été réduit à néant en deux ans malgré un faible afflux. Il est vrai que les demandes d’asile ont de nouveau augmenté à partir de mi-2018, avec notamment de jeunes Palestiniens de Gaza passant par des réseaux de trafic d’êtres humains. Mais j’ai introduit des quotas d’asile pour y mettre un terme. A la demande de mes partenaires de coalition MR, CD&V et Open VLD, j’ai dû licencier le personnel de crise supplémentaire que j’avais recruté. »
Yoleen Van Camp: « Se concentrer sur les arrivées et les départs »
La députée Yoleen Van Camp demande à l’actuel secrétaire d’État Sammy Mahdi de remettre au plus vite un plan concret permettant de résorber le retard à la Chambre. « Il faut réduire l’afflux de manière durable. Via des campagnes de dissuasion et une application stricte du règlement de Dublin, nous pouvons dissuader les demandeurs d’asile qui ont déjà introduit une demande ailleurs en Europe de venir en Belgique. Nous devons également mettre un terme aux abus de demandes multiples, qui sont pratiquement automatiques pour les demandeurs déboutés, même si elles n’ont que très peu de chances d’aboutir. Le secrétaire d’État ne semble guère préoccupé par cette question non plus. Pire, Monsieur Mahdi incite en réalité à introduire des demandes multiples en annonçant les différentes possibilités sur le nouveau site www.asyluminbelgium.be des autorités, dans toutes les langues des principaux pays d’origine. »