La N-VA demande la suppression des subsides à hauteur de 875 millions pour la distribution de journaux

3 mai 2021

Les députés fédéraux N-VA Michael Freilich et Theo Francken ont introduit une proposition de loi visant à supprimer les subsides pour la distribution de journaux et de magazines par l’entreprise publique bpost. « Ces subsides considérables nuisent à la diversité de la presse et ont de nombreux effets indésirables », estiment-ils. La proposition de loi sera traitée le mardi 4 mai au matin au sein de la commission compétente de la Chambre.

Michael Freilich, chargé de suivre l’entreprise publique bpost pour la N-VA, explique : « En cette période où l’on s’interroge souvent sur la pertinence des subsides, nous pensons qu’il est important de faire toute la lumière. Il s’agit d’un montant non négligeable de près d’un milliard d’euros (!) par législature. Voici nos principaux arguments :

  • Ces subsides pourraient être considérés comme une forme d’aide d’État illégale à une entreprise publique. Lorsque la concession pour la distribution de journaux a été attribuée, seule une entreprise (bpost) a remis une offre. Cela ressemble à une offre sur mesure.
  • Le principal problème est l’inefficacité de bpost. Aux Pays-Bas, la distribution d’un titre de presse coûte autant qu’en Belgique, mais sans subsides de plusieurs millions.
  • Les libraires indépendants se sentent lésés. Il est possible d’acheter son journal ou son magazine de deux façons : via la poste ou à la librairie. Seule la première est subsidiée, tandis que les libraires sont abandonnés à leur sort. Ils ont d’ailleurs lancé une procédure auprès de la Cour de Justice de l’Union européenne à Luxembourg.
  • Les médias numériques se montrent eux aussi critiques, car ils ont plus de mal à se développer étant donné que leur secteur n’est pas (indirectement) subsidié.
  • Il est étrange qu’un gouvernement qui se présente comme « le plus vert qu’il n’y ait jamais eu » ne mise pas pleinement sur les produits numériques non polluants. Les journaux numériques ne nécessitent pas d’abattre des arbres, ni de faire tourner des machines de recyclage, ni de gaspiller des milliards de litres d’encre. Sans même parler de la distribution des journaux à travers le pays dans des véhicules à combustion.
  • On peut se demander pourquoi des secteurs bénéficiaires sont subsidiés. En 2020, DPG Media et Mediahuis ont réalisé des bénéfices de respectivement 178 et 58,6 millions. Les secteurs bénéficiant de ce soutien ne doivent en aucun cas le considérer comme un droit acquis à tout jamais.
  • Les titres de presse sont déjà largement subsidiés à travers un tarif TVA de 0 %. Aux Pays-Bas, le taux est de 9 %. Que les choses soient claires : nous ne remettons aucunement en question cette mesure.
  • Le paysage médiatique néerlandais est disloqué, explique Joost Ramaer du collectif néerlandais de journalisme d’enquête SPIT. Avec les bénéfices que réalisent les groupes médiatiques belges, ils rachètent de plus en plus de titres de presse chez nos voisins.
  • Certains craignent pour la liberté de la presse. On loue en effet ceux dont on dépend. Même si les journalistes prétendront le contraire, il est évident que les éditeurs privilégient les partis politiques prêts à les soutenir financièrement.

En conclusion, il y a suffisamment de raisons de remettre en question cette mesure de soutien. Il s’agit de montants importants qui permettent avant tout de maintenir un système de distribution coûteux et inefficace en place. »

Permettre à l’Open VLD de soutenir la proposition

« Petite précision », ajoute Michael Freilich : « Même si j’y suis en principe opposé, le texte de loi que nous avons soumis est un copier-coller à 99 % de celui présenté en début de législature par l’ancien député fédéral Vincent Van Quickenborne. Nous avons uniquement mis à jour les dates et les montants, mais pour le reste, nous nous en sommes tenus à la version originale. Nous voulons en effet permettre à l’Open VLD de soutenir ce texte rédigé sous un angle libéral. »

« Vu l’importance de ce sujet pour notre parti, nous allons le mettre à l’ordre du jour de la commission Entreprises publiques et Mobilité de manière prioritaire. Il sera abordé dès le mardi 4 mai au matin », conclut Theo Francken.

Qu’avez-vous pensé de cet article?

Indiquez ici votre score personnel
Le score moyen est de