La Flandre lance son offensive pour la lecture

D’ici dix ans, la Flandre souhaite intégrer le top 5 des pays affichant les meilleures compétences en lecture, un objectif ambitieux quand on sait que nous nous trouvons actuellement en queue de peloton. Le gouvernement flamand va pour ce faire lancer une grande offensive pour la lecture, qui se concentrera prioritairement sur les personnes qui ne lisent (presque) pas. Les jeunes enfants, l’accueil extrascolaire et les élèves des enseignements technique et professionnel seront tout particulièrement visés. Les ministres flamands de la Culture Jan Jambon et de l’Enseignement Ben Weyts investiront pas moins de deux millions d’euros dès l’année prochaine et créeront un fonds de lecture afin de financer d’autres actions. L’offensive pour la lecture réunira pour la toute première fois l’ensemble des forces en présence sur le terrain et cherchera à mobiliser un maximum de personnes, en organisant par exemple des lectures dans de nombreux endroits. Une journée nationale de la lecture permettra pour finir de mettre en avant l’importance de la lecture. « Nous voulons faire en sorte qu’un maximum de Flamands se remettent à lire », expliquent Jambon et Weyts.

Le niveau de lecture des Flamands n’est pas très bon. D’après l’enquête internationale PIRLS, nos enfants de 10 ans occupent la 32e place sur 45 au niveau de la compréhension à la lecture. Un sur cinq n’atteint même pas le niveau minimum. Nous nous trouvons ainsi en queue de peloton et il faut jusqu’à deux ans de plus aux enfants flamands pour atteindre le même niveau de lecture que les enfants de 10 ans des pays les mieux classés. Toutes les autres études confirment le problème. Il existe déjà de nombreuses initiatives positives visant à promouvoir la lecture, mais la fragmentation est forte et ces actions n’atteignent généralement que les personnes qui lisent déjà. Et pendant ce temps, un groupe de plus en plus grand lit de moins en moins, voire plus du tout. La lecture est pourtant la base de tout apprentissage. Elle est fondamentale pour réussir dans l’enseignement (supérieur) et il s’agit d’un élément crucial du développement culturel et personnel des enfants, des jeunes et des adultes.

Le gouvernement flamand compte inverser la tendance à travers une vaste offensive pour la lecture. Son objectif est de rejoindre le top 5 en dix ans. Ce sera possible si nous rassemblons toutes les forces, harmonisons les initiatives et misons résolument sur les Flamands qui aujourd’hui ne lisent (presque) pas. Les ministres flamands de la Culture Jan Jambon et de l’Enseignement Ben Weyts ont déjà prévu un budget de deux millions d’euros l’année prochaine. Un plan d’action a également été élaboré et compte des dizaines de nouvelles initiatives. En voici les éléments principaux :

1. Projet « Boekstart » à l’école maternelle
   L’offensive pour la lecture tentera d’atteindre les plus jeunes avant même qu’ils n’arrivent en primaire et n’apprennent à lire. Le projet « Boekstart » sera par exemple lancé dans les écoles maternelles afin de proposer aux parents des livres sur mesure pour leurs enfants.
2. Nombreux projets de lecture dans des endroits nouveaux et inattendus
   Un maximum de personnes seront mobilisées afin d’organiser de très nombreuses lectures, y compris dans des endroits où ce n’est pas ou trop peu le cas actuellement. Après les heures de cours, des projets de lecture seront ainsi proposés dans les écoles et se concentreront spécifiquement sur les non-lecteurs et les personnes qui ne lisent que très peu.
3. Présence d’auteurs dans les écoles des enseignements technique et professionnel
   Des auteurs collaboreront pendant plusieurs semaines ou mois avec les écoles des enseignements technique et professionnel comptant de nombreux élèves issus de groupes défavorisés.
4. Création d’un fonds pour la lecture
   L’Académie royale de langue et littérature néerlandaises coordonnera avec différents fonds flamands et Iedereen Leest un fonds pouvant également attirer des moyens privés afin de financer de nouvelles actions de lecture.
5. Journée nationale de la lecture
   Sur le modèle de la campagne « Ireland Reads », une journée nationale de la lecture sera lancée en Flandre afin de souligner l’importance de (continuer à) lire.

L’offensive pour la lecture permettra de réunir de nombreux acteurs. Son objectif est de créer un large mouvement social, en collaboration avec les écoles, les associations de jeunesse, les bibliothèques et le secteur des arts et de la culture au sens large. Les parents, grands-parents, oncles et tantes seront eux aussi mobilisés. Un grand dialogue sera lancé au sein de la société quant à l’importance et à la beauté de la lecture.

Une grande campagne de promotion de la lecture sera mise en place sur le modèle des campagnes STEM. Mais ce n’est pas tout. Les actions actuellement trop dispersées seront mieux harmonisées et les projets à large portée et à impact durable seront rendus prioritaires. La Flandre souhaite éviter les actions éphémères sans effets à long terme : elle misera désormais sur des programmes de minimum trois ans et se fixera des objectifs à neuf ans. L’ensemble des acteurs souhaitant défendre la lecture seront rassemblés. Les bonnes pratiques seront mieux diffusées à travers des réseaux dits d’apprentissage. Il s’agira également de permettre aux accompagnateurs d’enfants, aux instituteurs maternels et aux enseignants de plus facilement lire avec et pour les enfants et les jeunes. Les formations aborderont donc davantage la question de la langue et de la lecture.

Le ministre-président Jambon explique : « Le monde évolue très rapidement et nous avons heureusement pris le train du numérique en marche. Plus encore : la Flandre souhaite endosser un rôle de leader en matière d’innovation. Nous devons chérir notre culture de la lecture. Dans les années à venir, notre objectif sera de mener à bien tous ces projets. »

« Nous sommes en très mauvaise posture en matière de lecture actuellement. Mais nous voulons devenir l’un des leaders », déclare quant à lui le ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts. « Pour ce faire, nous allons nous concentrer sur les non-lecteurs, éveiller l’intérêt des enfants dès le plus jeune âge et procéder par étapes. Inutile d’imposer tout de suite d’épais romans aux jeunes. Si nous voulons qu’ils prennent goût à la lecture, nous devons y aller progressivement. »