La campagne de dissuasion à l’intention des « demandeurs d’asile Dublin » ne servira à rien sans politique adéquate

6 octobre 2021

Mardi, l’Office des Étrangers va lancer une campagne de dissuasion sur Facebook afin de réduire l’afflux vers la Belgique de demandeurs d’asile ayant déjà introduit une demande ailleurs en Europe. Si la N-VA le réclame depuis longtemps, cette campagne ne servira toutefois à rien sans politique adéquate, estime Theo Francken. Il propose donc des mesures supplémentaires.

Il était grand temps de lancer cette campagne, estime Theo Francken. « Depuis le succès des campagnes de dissuasion de 2015, l’Office des Étrangers dispose du savoir-faire nécessaire. Il est inadmissible d’y avoir mis un terme après mon mandat. Ces trois longues années sans la moindre dissuasion ont créé la nouvelle crise de l’asile à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui. »

Dans les mots et dans les actes

Mais cette campagne ne sera efficace que si elle s’accompagne d’une politique adéquate. Il faut passer des mots aux actes, explique Theo Francken. « Il faut pouvoir prononcer un refus Dublin rapidement et s’assurer qu’il soit mis en œuvre. Sinon, ces campagnes Facebook ne serviront à rien. Les chiffres sont très mauvais. Sur les 3813 demandes Dublin positives reçues l’année dernière, nous n’avons pu en renvoyer que 391. Neuf personnes sur dix n’ont donc pas été renvoyées par l’Office des Étrangers en 2020. Si l’on prend en compte le nombre total de demandes Dublin, il n’y a eu que 391 demandes d’éloignement sur 6607 cas Dublin, soit à peine 6 %. Les retours Dublin sont par ailleurs pratiquement impossibles vers l’important pays d’arrivée et de transit qu’est la Grèce. En 2019, elle n’a donné que 44 réponses positives sur 959 demandes Dublin. Et nous ne les avons même pas renvoyés. Ces chiffres catastrophiques montrent à quel point la politique migratoire intra-européenne est un échec. »

Le système de Dublin lui-même est bancal. Le renvoi vers l’État membre responsable se heurte trop souvent à un manque de collaboration. Sans oublier que la responsabilité de l’État membre disparaît au bout de 18 mois au plus tard. De nombreux demandeurs d’asile attendent donc avant d’introduire une nouvelle demande dans un autre pays. Le problème de l’afflux secondaire est donc bien plus important que le nombre de correspondances électroniques ne le laisse supposer.

La faillite du système de Dublin marque la faillite de l’Europe

Pour le député fédéral Theo Francken, la faillite du système de Dublin marque la faillite de l’Europe. « Plutôt que d’élaborer un tout nouveau pacte de migration, nous devrions résoudre les failles évidentes du système de Dublin. Les pays du Sud nous envoient leurs demandeurs d’asile depuis des années et trouvent cela normal. Dans le cas de l’Italie, cela s’accompagne en plus d’une protection limitée des frontières. On permet à des bateaux d’ONG en faveur des frontières ouvertes d’amener des migrants illégaux sans visa Schengen sur la terre ferme, après quoi ils peuvent circuler sans entrave vers les pays plus riches du Nord. Et le gouvernement ne fait rien face à ces pratiques déloyales et aux failles juridiques du système de Dublin. Les choses doivent changer au plus vite. À cause du chaos migratoire européen, notre pays fait face à de graves problèmes sociaux. Le seul choix raisonnable est le modèle australien. Il faut mettre un terme à ce chaos. »

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