La Belgique, plaque tournante des antiquités volées : « Pourquoi nos établissements scientifiques fédéraux n’ont-ils pas été consultés ? »

20 avril 2022
Frieda Gijbels

Les autorités belges ont vendu une tête de bronze d’une valeur de plusieurs millions d’euros pour la somme ridicule de 240 euros. Elle avait d’abord été dérobée de manière violente à un musée nigérian. Une succession d’événements très embarrassante pour les autorités fédérales. « Comment se fait-il que l’on n’ait pas le réflexe de faire enregistrer et expertiser ces pièces saisies ? », se demande la députée fédérale Frieda Gijbels.

C’est une véritable histoire belge. Personne ne sait d’où cette statue ne vient ni comment elle s’est retrouvée entre les mains des autorités. Personne n’avait non plus conscience de sa valeur. Elle a finalement pris la poussière dans le palais de justice de Bruxelles pendant des années avant d’être vendue aux enchères par le SPF Finances en 2007 pour la somme ridicule de 240 euros.

« Comment se fait-il que l’on n’ait pas le réflexe de faire enregistrer et expertiser ces pièces saisies ? », se demande la députée fédérale Frieda Gijbels. « Nous disposons pourtant d’établissements scientifiques dotés d’une expertise reconnue mondialement en matière d’art. Nous avons même un établissement spécialisé dans l’art africain : l’AfricaMuseum de Tervuren. »

Pas le premier scandale lié à l’art

Ce n’est pas le premier scandale lié à l’art dans ce pays, en témoignent les toits du Musée Art & Histoire et des Musées royaux des Beaux-Arts, qui fuient depuis des décennies et mettent en danger nos œuvres d’art. Ou le fait que nos établissements scientifiques possèdent eux-mêmes des œuvres volées qui n’ont pas encore été correctement répertoriées malgré les efforts de la secrétaire d’État Zuhal Demir (N-VA) sous la législature précédente.

Les partis politiques traditionnels sont terrifiés par ce débat fondamental sur l’avenir de nos établissements scientifiques fédéraux et préféreraient que rien ne change. Les intérêts politiques et le pouvoir semblent primer l’inquiétude justifiée quant à notre patrimoine artistique. Il ne sera toutefois possible de mener une politique ciblée et efficace qu’à partir du moment où chaque établissement fera l’objet d’une analyse critique et investira de manière optimale dans la valeur ajoutée qu’il peut apporter. Nous avons absolument besoin d’établissements dynamiques, efficaces et autonomes, qui rendent régulièrement des comptes devant le parlement, afin de sécuriser et préserver notre patrimoine.

Tant que l’art continuera d’être traité de manière nonchalante par le politique, il sera utopique d’attendre des autres institutions publiques, comme le SPF Finances, qu’elles fassent preuve de vigilance en la matière.

Qu’avez-vous pensé de cet article?

Indiquez ici votre score personnel
Le score moyen est de