Johan Van Overtveldt : « L’UE risque de se retrouver à court d’argent »

L’eurodéputé et président de la commission des budgets Johan Van Overtveldt envoie un sérieux avertissement à la Commission européenne. Sans changement de cap, l’UE risque de ne plus avoir les moyens de rembourser les intérêts sur ses emprunts. « Je mets en garde depuis un an déjà, sans information claire de la Commission. Cela risque de déboucher sur des taxes plus élevées, ce à quoi je m’oppose fermement. »

Après la crise du coronavirus, la Commission européenne a lancé le plan NextGenEU, un fonds de relance de 330 milliards d’euros visant à soutenir les États membres. Cet argent doit toutefois être emprunté et les intérêts s’élèvent à 8 ou 9 milliards d’euros par an. « Le budget annuel total de l’UE se situe entre 170 et 180 milliards d’euros. Bref, il n’y aura pas assez d’argent pour supporter ces intérêts », déclare Johan Van Overtveldt.

Immenses conséquences

« J’avais mis en garde contre la hausse probable des taux et l’importance d’emprunter rapidement un montant plus élevé dès l’année dernière. Une différence de 0,1 % sur un montant de 330 milliards d’euros, ce sont tout de même 330 millions d’euros. Les conséquences sont donc immenses. On a attendu trop longtemps sans nous expliquer pourquoi », déplore Van Overtveldt.

Taxes supplémentaires

« Le citoyen lambda ne va pas le ressentir tout de suite, mais si de l’argent supplémentaire devient nécessaire, il ne pourra être obtenu que de deux manières : à travers de nouvelles taxes ou à travers de nouvelles économies. Je ne pense pas que le citoyen flamand soit prêt à accepter plus de taxes alors qu’il croule déjà dessous. Une majorité au Parlement européen y est cependant favorable. »

Améliorer l’efficacité

Pour Van Overtveldt, il faut se pencher avant tout sur les dépenses. « Un tiers du budget européen est destiné au développement économique des États membres et un autre tiers aux subventions agricoles. Si l’on veut améliorer l’efficacité, il me semble judicieux de voir ce qu’il est possible de faire sur ce plan. Je ne suis pas le seul à le dire, la Cour des comptes s’inquiète également de la façon dont cet argent est dépensé. »

Panique à bord

« Il y a de quoi s’inquiéter. Au niveau de l’UE, mais aussi des États membres. Toutes sortes d’initiatives ont été lancées ces dernières années et il n’y a plus beaucoup de marge de manœuvre. S'il nous arrive quelque chose, comme une pandémie, ce sera la panique à bord. »