Vous êtes ici
Johan Van Overtveldt : « Les États-Unis détournent l’attention de la Chine »

L’Europe doit se montrer plus affirmée sur les dossiers commerciaux, sans pour autant se tirer une balle dans le pied. C’est ce qu’a déclaré Johan Van Overtveldt, député européen et ancien ministre des Finances, dans une interview accordée à De Ochtend. Il y livre son analyse des récents rebondissements dans le dossier commercial avec les États-Unis. « Le vrai problème, c’est la Chine. Mais les actions de Donald Trump nous le font parfois oublier. »
Trump change de cap, Von der Leyen négocie
Le président américain Donald Trump a annoncé fin de semaine dernière une hausse de 50 % des droits de douane sur les produits européens. Peu après, il est revenu sur cette ligne dure, à la suite d’un appel téléphonique avec la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. « Encore un retournement de situation », commente Johan Van Overtveldt. « Il commence par dire : ‘C’est ça, point final.’ Et le lendemain, tout est à nouveau négociable. Cela rend difficile l’élaboration d’une stratégie claire. »
Il salue toutefois l’approche d’Ursula von der Leyen : « Elle a immédiatement opté pour des négociations sur une baisse des tarifs. C’était une excellente ouverture. »
Tenir bon, mais avec prudence
Si Johan Van Overtveldt comprend l’appel à une position européenne plus ferme, il met en garde contre toute surenchère. « Certains économistes disent : ‘Tenons bon. Si Trump refuse de négocier, tournons-nous vers d’autres partenaires.’ Il y a du vrai là-dedans. Mais regardons les chiffres : l’UE exporte davantage de biens vers les États-Unis que l’inverse. En revanche, pour les services, c’est l’Amérique qui est excédentaire. »
Et c’est là que le bât blesse : « Si l’on veut vraiment riposter de manière ciblée, il faut viser les grandes entreprises technologiques américaines et leurs services numériques. Mais attention à ne pas se nuire à soi-même, car ces services sont essentiels au bon fonctionnement de notre économie. »
L’Europe doit aussi balayer devant sa porte
Johan Van Overtveldt insiste également sur l’importance de renforcer le marché intérieur européen. « Selon le FMI Le Fonds Monétaire International (FMI) a été fondé en 1945 et est actif dans le domaine financier. Cette institution internationale est gérée et contrôlée par les 188 États qui en sont membres. Outre une stabilité financière, une collaboration monétaire et le commerce international, le FMI promeut et soutient l’emploi, la croissance économique durable et la lutte contre la pauvreté en octroyant des crédits, en offrant un soutien technique, en dispensant des formations spécialisées et en prodiguant des conseils aux autorités. Il surveille également les tendances financières. FMI , il existe encore des obstacles commerciaux de 40 % pour les biens et jusqu’à 110 % pour les services au sein même de l’UE. Si nous commencions enfin à les réduire sérieusement, nous serions déjà bien moins dépendants des décisions, parfois imposées, de monsieur Trump. »
« Le vrai défi pour le commerce mondial libre, c’est la Chine »
Pour Johan Van Overtveldt, l’attitude américaine détourne l’attention du véritable problème : la Chine. « Ce pays protège systématiquement son marché intérieur et soutient massivement son industrie via des subventions. Cela fausse la concurrence et va à l’encontre des principes du commerce libre et équitable au niveau international. »
« Tout ce qui vient de Washington aujourd’hui tend à occulter le fait que c’est la Chine qui a été – et reste – le principal perturbateur de l’ordre commercial mondial », conclut-il.