Ils sont fous ces Belges.

21 juillet 2022
Sander Loones

C’est une certitude, Georges-Louis Bouchez va attirer l’attention le 21 juillet. J’apprécie le président du MR. Il n’a pas sa langue dans sa poche, il se bat inlassablement pour le changement, il est contre les folies économiques de la gauche. Un Gaulois « des temps modernes », un Astérix contemporain, intelligent et valeureux, avec son petit chien Idéfix à ses côtés. Malheureusement, aujourd'hui, il préfère se raccrocher aux Belgo-Romains. Il fait passer la Belgique avant de croire en sa propre force, sa propre capacité, son propre avenir.

« Ils sont fous ces Romains », répète inlassablement Obélix. Peut-être parce qu'il n'a pas encore croisé ces fous de Belges vivaldesques. Ce pays à l’arrêt secoue totalement la politique et les responsables politiques. La force des démocrates-chrétiens, par exemple, est la bonne gouvernance, mais le labyrinthe belge la rend impossible et pousse le nouveau président du CD&V à une politique de conflit communicative et le cdH à une opposition « engagée ». Les Verts choisissent partout la nature, la proximité et donc l’identité, mais ici, écologisme ne rime pas avec Belgicisme. Les libéraux se montrent sous leur meilleur jour lorsqu'ils sont idéologiquement cohérents en faveur d'une concurrence (politique) ascendante entre des régions fortes et décentralisées, mais l’Open Vld et le MR plaident au contraire pour plus de centralisme belge.

Des libéraux qui, à l'encontre de leur propre idéologie, plaident pour moins de concurrence, il n’y a qu’en Belgique qu’on voit cela. Le défenseur de la Belgique Bouchez l’emporte sur l’idéologue Bouchez. Même si je le comprends tout à fait. L’Astérix wallon espère ainsi pouvoir prendre de la potion magique flamande. Mais en Wallonie, il ne convainc pas les électeurs avec ses recettes libérales, de (centre) droit(e). Grâce à la Belgique, le MR peut indirectement se doper, en s'appuyant sur l'impact électoral des électeurs flamands tournés vers la droite. Le MR boxerait dans une catégorie supérieure. Le scénario le plus réaliste serait le « Premier ministre Bouchez » et non le « ministre-président wallon Bouchez ». Car en Wallonie, le MR récolte encore trop peu de suffrages pour prétendre à ce poste.

Mais cette réalité électorale n’est pas gravée dans le menhir. Cependant, Bouchez pense autrement. Il semble avoir abandonné l’idée de devenir décisif en Wallonie et vise plutôt une coalition suédoise grâce aux partis flamands de centre droit. Où est passée sa foi inexorable en sa propre force de persuasion, même auprès des électeurs wallons ? Doute-t-il de la force de sa propre idéologie libérale basée sur un modèle de concurrence qui peut permettre à chaque entité fédérée de prendre ses responsabilités, aux autres régions de la mettre au défi, pour qu’au final, tous les niveaux d’administrations soient tirés vers le haut, même la Wallonie ?

Je ne pense d’ailleurs pas que la Wallonie aurait éternellement besoin, comme c’est le cas aujourd'hui, d'un ministre de l'Intérieur de Flandre pour garantir sa propre sécurité. Un ministre de la Santé francophone plutôt que le ministre néerlandophone actuel permettrait de mieux coordonner la politique par rapport aux besoins spécifiques wallons. Et pourquoi les ministres de la Justice, des Finances, de l’Énergie... de Flandre doivent-ils déterminer ce qui se passe en Wallonie ? Les responsables politiques wallons pourraient très bien le faire eux-mêmes.

Je ne peux pas imaginer qu'Astérix se soumettrait humblement à un gouvernement imposé par les Flamands-Galliques d'une autre tribu, et encore moins qu'il se plierait à une politique belgo-romaine. Donnez-moi l'Astérix qui résistera courageusement, au profit de sa propre colonie wallonne. Un Astérix cohérent et libéral. Même sans potion magique, il peut espérer convaincre l'électorat wallon et déplacer des montagnes.

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