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« Il faut dire les choses telles qu’elles sont : la Belgique est en faillite »
« Ce comité de concertation Énergie n’est qu’une grand-messe de l’impuissance et du surréalisme belges. Il faut dire les choses telles qu’elles sont : ce pays est en faillite. Dette, dépenses publiques, déficits : nous sommes la nouvelle Grèce. De Croo aime à parler, mais il en fait rien. Nous n’avons pas de réserves, aucune marge. » Dans De Zevende Dag, le président de la N-VA Bart De Wever est revenu sur la semaine politique. Et il n’a pas mâché ses mots.
Alors que la crise de l’énergie est souvent associée à l’invasion russe en Ukraine, pour Bart De Wever, elle n’a pas été provoquée par Poutine. « L’Europe peut se mordre les doigts après avoir considérablement réduit sa propre production primaire d’énergie. Les États-Unis ont fait le contraire et sont devenus des exportateurs nets de pétrole et de gaz. »
Dogmes verts
« Ce sont les conséquences des dogmes verts : pétrole, gaz, charbon, tout était bon à jeter. Nous n’avons plus pu investir dans nos réserves. Les pays les plus fous, l’Allemagne et la Belgique, ont même été jusqu’à réduire leur production d’énergie nucléaire. Nous avons réduit nos propres sources d’énergie et nous nous sommes rendus dépendants de Poutine. Et voilà où nous en sommes aujourd’hui. Peut-être faudrait-il voter pour les partis qui avaient vu tout cela venir et avaient mis en garde depuis longtemps... », déclare Bart De Wever.
Mendier à Paris
Pour De Wever, les solutions les plus efficaces devront venir de l’UE. Il fait référence à la proposition de la présidente de la Commission Von der Leyen de découpler le prix de la production d’énergie liée au gaz de celui des énergies renouvelables. « Les énergies renouvelables génèrent d’immenses profits. Les centrales nucléaires sont de véritables vaches à liquidités et les milliards affluent vers Paris. L’UE peut changer cela en fixant un prix rentable et en prélevant tout ce qui dépasse. Pour notre pays, cela représenterait une injection de plusieurs milliards d’euros. Mais en attendant, nous devons aller mendier à Paris. Alors que nous aurions pu réaliser d’immenses bénéfices, nous avons renoncé à tous nos atouts. »
Sur une autre planète
Pour Bart De Wever, dire que la sortie du nucléaire n’a pas été empêchée sous la coalition suédoise est « une demi-vérité et un mensonge total ». « La sortie du nucléaire est une loi d’un précédent gouvernement arc-en-ciel et nous avons un gouvernement de même type (Vivaldi) au pouvoir actuellement. J’étais le seul à m’exprimer de la sorte sur la sortie du nucléaire. Gwendolyn Rutten, Wouter Beke et même Marghem ont dit que j’étais fou. Pour Di Rupo, la N-VA vivait sur une autre planète. Prétendre que tout le monde a été impliqué est donc faux. J’ai toujours été cohérent et je défends l’énergie nucléaire depuis les années 80. »
Totalement hallucinant
Si la ministre flamande de l’Énergie Zuhal Demir a reçu de nombreuses critiques après avoir dénoncé le comité de concertation, Bart De Wever lui donne entièrement raison. « Ce comité de concertation n’est qu’une grand-messe de l’impuissance et du surréalisme belges. Avec l’accord de nos partenaires de coalition flamande, nous avons proposé la prolongation des centrales nucléaires et une réduction européenne des droits d’émission de CO2, ce que le Premier ministre, du même parti d’ailleurs, a tout simplement rejeté. Quant à Tinne Van der Straeten, elle n’a même pas ouvert la bouche, pour ensuite déclarer que les deux centrales les plus récentes allaient rester ouvertes plus longtemps grâce à elle. C’est totalement hallucinant. »
Notre prospérité va en prendre un coup
« Il y a de nombreuses mesures à prendre », explique De Wever, « mais elles ont toutes des inconvénients. Il n’y a pas de recette miracle. Notre prospérité va en prendre un coup. Il est temps que les responsables politiques osent le dire à la population. Il est déjà trop tard. Il faut dire les choses telles qu’elles sont : ce pays est en faillite. Voyez notre dette, nos dépenses publiques, nos déficits. Nous sommes dans une situation pire que le Sud de l’Europe. C’est une question de choix politique. Le gouvernement n’a rien fait pour rectifier le tir. Je l’ai dit il y a deux ans : en cas de nouveau choc économique, nous serons la nouvelle Grèce. Nous sommes dans la pire des situations. De Croo aime à parler, mais il ne fait rien. Nous n’avons pas de réserves, aucune marge. »