Gijbels : « Le gouvernement De Croo a financé une opération marketing socialiste avec de l’argent public initialement destiné à l’innovation nucléaire, à la défense et à la relance post-coronavirus »

Une enquête parlementaire de la députée fédérale Frieda Gijbels montre que le PS, sous le regard du Premier ministre, a transféré des millions d’euros d’argent public de différents départements vers l’Agence spatiale européenne (European Space Agency, ESA), l’agence européenne chargée de coordonner les voyages spatiaux. Il est question de 50 millions d’euros destinés au projet SMR, de 100 millions d’euros pour des projets militaires et de 35 millions d’euros du fonds de relance européen. La cause ? Le secrétaire d’État Dermine souhaite à tout prix envoyer un astronaute wallon dans l’espace. « Le gouvernement De Croo privilégie une opération marketing socialiste par rapport à la politique d’innovation », dénonce Gijbels.

Timing surprenant

L’information provient de documents que Frieda Gijbels a pu se procurer grâce à la publicité de l’administration. Concrètement, il s’agit d’une note de l’Inspection des Finances et d’une communication de la secrétaire d’État De Bleeker (Open Vld) à Thomas Dermine dans laquelle elle le met en garde quant à l’approche du financement de l’ESA et évoque un manque de respect à l’égard de ses services. Détail surprenant : la lettre a été envoyée la semaine où De Bleeker a dû démissionner à la suite de la saga budgétaire. Cela veut dire que le financement de l’ESA a finalement été approuvé sans la critique secrétaire d’État au Budget.

Campagne marketing onéreuse

Les centrales SMR constituent depuis longtemps un point de discorde au sein du gouvernement. Il a en effet déjà été révélé qu’une partie des 100 millions d’euros promis par le Premier ministre avaient été redirigés vers l’ESA de Dermine, ce qui soulève la question de savoir si le bénéficiaire, le SCK CEN, peut encore compter sur ce financement. Si l’on en croit sa lettre, De Bleeker partageait déjà ces inquiétudes en novembre 2022 : elle mettait alors en garde quant au fait que ce budget ne serait pas automatiquement comblé.

« J’attends de voir cette promesse sur papier », déclare le député fédéral Bert Wollants, qui a déjà interrogé les membres du gouvernement concernés à plusieurs reprises. « Car si le gouvernement privilégie une opération marketing au détriment de l’avenir de notre politique énergétique, c’est tout bonnement scandaleux. Il est inacceptable de défendre l’innovation nucléaire dans la presse puis d’en dévoyer les fonds vers le PS en coulisse. »

Protocole non respecté

Les documents révèlent également qu’un budget de 100 millions d’euros initialement destiné à des projets de défense dans le cadre de l’innovation industrielle a été versé à l’ESA. L’Inspection des Finances a par ailleurs souligné que la ministre fédérale de la Défense Dedonder (PS) n’avait pas respecté le protocole, qui prévoit que la décision relative à la répartition du budget soit prise avec les secteurs. Même le fonds FFR européen, ou fonds de relance post-coronavirus, est concerné : 35 millions d’euros sont allés à l’ESA.

Embracing openness

Dernier détail : par rapport à sa population, la Belgique est le cinquième plus grand contributeur de l’ESA, avec 305 millions d’euros par an. Gijbels n’en a dès lors pas cru ses yeux à la lecture des documents. « Alors qu’il y a quelques semaines, le gouvernement De Croo présentait une campagne sur l’innovation, il supprime les budgets de ces mêmes innovateurs au profit d’une opération marketing. Il n’y a aucune justification à cela. »