Geert Bourgeois : « L’Union européenne résiliente marque un tournant historique, mais la prudence reste de mise »

Après avoir imposé de lourdes sanctions à la Russie ces derniers jours, l’Union européenne va également financer des armes à destination de l’Ukraine. Pour l’eurodéputé Geert Bourgeois, cela change radicalement la donne. « On parle là d’un voisin brutalement attaqué qui se bat pour la liberté et la démocratie. » Geert Bourgeois met toutefois en garde contre les mesures et les déclarations irréfléchies. « Une adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE n’est pas possible et n’est selon moi qu’une fausse promesse de la gauche libérale. »

« Plus personne ne s’attendait à une telle crise depuis la chute du mur de Berlin. On observe au sein de l’Union un très large soutien en faveur des mesures prises. Elles auront des conséquences au niveau des prix de l’énergie et de l’inflation, mais nous allons là aussi devoir faire preuve de solidarité. Au besoin, nous devrons recourir au fonds d’urgence de l’UE », explique Geert Bourgeois.

Fausses promesses de la gauche libérale

Les annonces de nouvelles mesures se succèdent. « Il n’est pas question de nous vanter, mais nous pouvons être transparents. Nous devons toutefois rester prudents. Poutine se servira de n’importe quel prétexte pour provoquer une escalade du conflit. » C’est pourquoi une adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE ne serait pas souhaitable, estime Geert Bourgeois. « Il n’existe d’ailleurs pas de telle procédure accélérée. Il s’agit selon moi d’une énième fausse promesse de la gauche libérale. Mais nous devons bien évidemment offrir des perspectives à long terme à l’Ukraine. Il existe des étapes intermédiaires, comme l’adhésion à l’union douanière. Toutefois, le processus d’adhésion à l’UE est long et assorti de nombreuses conditions en matière de démocratie, de stabilité, d’état de droit, etc. Nous ne pouvons pas en faire fi. »

Armée de l’UE

Geert Bourgeois s’interroge également lorsqu’il entend des voix s’élever en faveur d’une armée de l’UE. « Il est essentiel de favoriser la coordination et la collaboration, avec une approche commune et peut-être une force d’intervention rapide. Mais cela doit toujours se faire sous l’égide de l’OTAN », estime-t-il.

Tournant historique

La crise ukrainienne marque quoi qu’il en soit un tournant historique. « Voyez le cas de l’Allemagne, qui va investir des milliards d’euros dans sa défense et même livrer des armes. » Sans oublier la nécessité de réduire notre dépendance vis-à-vis du gaz russe. « Nous allons devoir nous diversifier. Le maintien de l’énergie nucléaire est donc fondamental », conclut Geert Bourgeois.