Explications concernant la dernière mission de formation

17 août 2020
Bart De Wever

Le président Bart De Wever, chargé de former un gouvernement par le roi, lui a remis sa démission aujourd’hui. Ce type de mission nécessitant une certaine discrétion, la N-VA ne s’est pratiquement pas exprimée sur le sujet. Mais la mission étant désormais terminée, nous avons décidé de vous expliquer ce qui s’est réellement passé. Nous vous devons des informations transparentes.

Comme vous le savez, le pays se trouve à l’aube d’une crise socio-économique liée à la crise sanitaire en cours. Seule une politique résolue peut y faire face. Malheureusement, nous allons poursuivre avec le gouvernement minoritaire Wilmès, qui ne compte actuellement que 38 sièges sur 150 à la Chambre. L’absence de gouvernement fédéral à part entière à l’un des pires moments de notre histoire récente est déplorable.

Outre l’impossibilité d’une gestion résolue, elle entraîne toute une série de conséquences néfastes. Ce printemps, des majorités alternatives (sous la pression ou avec le soutien du VB et du PTB/PvdA) ont approuvé toute une série de dépenses récurrentes coûteuses et insensées au Parlement fédéral, sans tenir compte du fait que le contribuable en ferait les frais dans le futur. Le scénario risque bien de se poursuivre au début de l’année parlementaire, en septembre.

Il nous faut impérativement remettre de l’ordre. C’est pourquoi depuis un an et demi, en tant que principal parti de Flandre, nous essayons de trouver un accord avec le plus grand parti francophone. Dès les élections de 2019, la N-VA s’était déclarée prête à le faire, par respect pour la façon dont les électeurs flamands et wallons s’étaient exprimés, et en partant du principe qu’aucune autre formule ne permettait d’entreprendre les réformes nécessaires sur le plan institutionnel.

Ce qui n’aura pas été possible pendant plusieurs mois a fini par déboucher au milieu de l’été sur une note de départ commune de la N-VA et du PS, après que le président Bart De Wever et le président du PS Paul Magnette ont enfin reçu l’initiative de la part du roi après plus d’un an. Rapidement, cinq partis se sont déclarés prêts à entamer des négociations sur base de cette note de départ : la N-VA, le CD&V, le cdH, le PS et le sp.a, pour un total de 70 sièges au Parlement.

Cette note ne constituait bien évidemment pas un accord de gouvernement, mais elle reposait sur des bases suffisamment solides pour penser qu’un accord de gouvernement fort était en vue et pourrait être présenté à nos membres. Contrairement à ce que certains ont affirmé, elle n’était pas à prendre ou à laisser. Elle constituait un point de départ solide en vue d’un accord digne de ce nom :

  • Le volet socio-économique était composé de manière équilibrée et précise, de façon à ce que chaque euro social s’accompagne d’un euro de réduction des charges, pour permettre à la Flandre entreprenante et travailleuse de respirer. De plus, une grande partie de la manne sociale était destinée à ceux qui (par le passé) ont contribué à la prospérité de notre société, avec une augmentation des pensions les plus basses (surtout pour nos indépendants), une proposition très avantageuse pour la Flandre au vu de la composition de notre population. La pression fiscale globale devait également être réduite afin de favoriser la croissance économique. L’héritage suédois du gouvernement Michel (avec la N-VA) était conservé, avec notamment le maintien de la baisse de l’impôt des personnes physiques et des entreprises et de la loi sur la norme salariale réformée en 2017.
  • Venait ensuite le volet institutionnel, sur lequel notre parti a travaillé dur. Dans l’attente de la majorité nécessaire en vue d’une approche confédérale, la politique et le fonctionnement des autorités et du gouvernement fédéral devaient être organisés en tenant compte des priorités des entités fédérées. Le nouveau gouvernement fédéral n’aurait par ailleurs pas été un gouvernement ordinaire, mais un gouvernement de courte durée : ainsi, après des élections fédérales pour lesquelles tous les articles de la constitution auraient été déclarés ouverts à révision, une nouvelle réalité institutionnelle aurait été possible.
  • La note comportait également un volet important relatif au renforcement de la politique migratoire et plusieurs points relatifs à la sécurité. En matière d’énergie, la note respectait notre principale exigence : prolonger notre capacité nucléaire et ne plus avoir à craindre de problèmes d’approvisionnement, de hausse du coût de l’énergie ou d’atteinte au climat et à l’environnement à cause de nouvelles centrales au gaz.

En résumé, la note négociée par notre président formait une base solide et équilibrée afin de lancer les négociations en vue d’un accord de gouvernement fédéral. Mais cinq partis et 70 sièges ne suffisaient pas. Il nous fallait un parti de plus.

Tout le monde sait que nous aurions aimé étendre notre bulle de cinq avec l’Open Vld. La note le permettait, par exemple via des réformes supplémentaires du marché du travail. Il n’a malheureusement pas été possible de traiter du fond. En soutenant l’initiative du président du MR Georges-Louis Bouchez de signer un communiqué de presse commun avec Ecolo/Groen, l’Open Vld a empêché la poursuite de la mission.

Et le MR conserve ainsi la moitié des ministres fédéraux (dont le Premier ministre), plusieurs nominations majeures et différents postes internationaux lucratifs (président du Conseil européen, commissaire européen, etc.). Il est évident que le président du MR n’a pas intérêt à ce qu’un accord soit trouvé entre le PS et la N-VA, permettant de sortir de l’impasse à travers des réformes institutionnelles. Nous déplorons cependant les mensonges diffusés dans la presse quant au contenu de la note de départ des cinq partis.

Cette note de départ était équilibrée dans son ensemble et dans ses différents chapitres. Il n’était nullement question d’une politique socio-économique de gauche en échange de réformes institutionnelles. Il n’était pas non plus question d’un « impôt sur la fortune » ni d’un impôt sur les petites fortunes. Le fait que l’Open Vld continue de répandre ce mensonge témoigne de son indécence politique.

Les piliers de la politique suédoise des dernières années faisaient partie intégrante de la note. Il était question de réductions fiscales en échange de corrections sociales. En décembre de l’année dernière, l’Open Vld était disposé à négocier une note bien plus à gauche, qui menaçait la prospérité de la Flandre. Aujourd’hui, il refuse de se mettre à la table des négociations pour une note beaucoup plus équilibrée, offrant des solutions institutionnelles en renforçant le niveau politique flamand.

Nous avons pris nos responsabilités. Mais même un accord entre les principaux partis de chaque communauté linguistique ne suffit pas pour rendre ce pays gouvernable. Vous vous posez certainement tous la même question : « Et maintenant ? » En ces temps de cynisme, nous allons devoir garder la tête froide. Nous restons disposés à former un gouvernement fédéral capable de faire face à cette crise de manière résolue et de trouver des solutions aux problèmes d’inefficacité institutionnelle. Au sein du gouvernement flamand, nous allons continuer la lutte contre la crise du coronavirus et tenter d’élaborer une politique de relance qui, espérons-le, ne sera pas mise à mal par un gouvernement fédéral hostile.

Nous vous remercions pour votre confiance sans faille. Nous allons tout faire pour en être dignes. Le soutien de nos membres est très important pour nous. Prenez soin les uns des autres.

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