De Croo va tenter de convaincre l’Europe de sa réforme des pensions avec du vide

21 février 2024
Wim Van der Donckt

L’Europe a conditionné le déblocage de centaines de millions d’euros du fonds de relance à la prise de mesures pour contenir la facture des pensions. « Mais cette réforme des pensions est insuffisante pour préserver le système de pension légal », a expliqué le député fédéral et spécialiste des pensions Wim Van der Donckt lors des discussions sur les réformes des pensions prévues par le gouvernement De Croo.

« L’âge effectif de la retraite en Belgique est de 60 ans. Dans peu d’autres pays les gens arrêtent de travailler aussi tôt, le plus souvent après une carrière comportant en outre de nombreuses périodes assimilées. Les dépenses de pensions vont quant à elles atteindre 13,5 % du produit intérieur brut d’ici 2050 », explique Van der Donckt. « La solution est on ne peut plus claire : faire en sorte que davantage de personnes travaillent plus longtemps et renforcer le lien entre travail et pension. Le gouvernement De Croo a pourtant fait le contraire en augmentant considérablement les pensions minimales sans les assortir de véritables conditions. L’UE a déjà calculé un coût supplémentaire de 1,2 % du PIB Le produit intérieur brut (PIB) correspond à la production totale de biens et de services au sein d’un pays, tant d’entreprises que des administrations. Il est généralement utilisé comme critère d’évaluation de la prospérité d’un pays. C'est la raison pour laquelle la N-VA surveille de près l’évolution du PIB belge. PIB . »

Mesures compensatoires

De Croo a présenté les mesures compensatoires promises à l’Europe : l’introduction d’une condition de travail pour l’accès à la pension minimale, l’instauration d’un bonus de pension, des modifications au niveau de la péréquation et le doublement de la cotisation Wijninckx pour les pensions complémentaires.

Vide

L’impact budgétaire à long terme sera d’à peine 0,005 % du PIB en raison de nombreuses exemptions, exceptions et neutralisations. Les calculs de la Cour des comptes montrent que même le bonus de pension ne permettra pas d’économiser à long terme (à partir de 2025, il devrait même entraîner une hausse des dépenses). La réforme de la péréquation des pensions de la fonction publique en particulier se base sur des projections optimistes et des projections de croissance (de la productivité) espérées entre 2034 et 2070.

Mais à l’horizon 2040, l’impact de cette « réforme » sera inférieur à 0,1 %, voire négatif, alors que le coût du vieillissement aura augmenté de 2,7 % du PIB, selon la Commission européenne.

Constat amer

Entre-temps, le coût des pensions augmente : en 2020, il s’élevait à 51,7 milliards d’euros par an, en 2023 à 67,4 milliards et en 2024 à plus de 70 milliards. Le constat est amer : le gouvernement fédéral dirigé par Alexander De Croo a structurellement alourdi la facture des pensions en sachant pertinemment que l’augmentation de la charge des pensions poserait un problème très grave pour les finances publiques.

« Allons-nous vraiment pouvoir convaincre la Commission européenne de cette manière ? », s’interroge Van der Donckt.

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