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Catalogne : la furie espagnole face à la diplomatie flamande
La décision de l’Espagne de rompre ses relations diplomatiques avec la Flandre se heurte à l’incompréhension dans notre pays. Le ministre-président Geert Bourgeois a demandé au ministre fédéral des Affaires étrangères de rappeler à l’ambassadeur espagnol l’importance de la liberté d’expression et de la séparation des pouvoirs. « Il s’agit d'un incident diplomatique très grave », a expliqué Geert Bourgeois, qui a lui aussi prévu d’inviter l’ambassadeur. Cette rupture des relations diplomatiques fait suite aux déclarations du président du Parlement flamand Jan Peumans sur le dossier catalan. L’eurodéputé Mark Demesmaeker tient par ailleurs à rappeler que cela fait déjà un an que les prisonniers politiques catalans sont enfermés.
Du jamais vu au sein de l’UE
Le ministre-président Geert Bourgeois dénonce avec fermeté la décision de l’Espagne de lever le statut diplomatique du représentant du gouvernement flamand à Madrid. « Je crois que c'est du jamais vu au sein de l’UE. C'est à ma connaissance une première depuis la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier en 1952, et même depuis 1945. Il s’agit de la sanction la plus lourde, normalement prise lorsqu’un diplomate s'est mal comporté, par exemple en cas de délit, d’espionnage, etc. Ce n’est bien évidemment pas du tout le cas ici. »
Pas impressionné
Jan Peumans ne se laisse pas impressionner par cette décision et ne compte certainement pas courber l’échine. « J’ai le droit de dire ce que je pense être juste dans mon pays. Nous vivons encore en démocratie », a-t-il réagi, combatif. Dans un courrier adressé à son ex-homologue espagnole Carme Forcadell, également emprisonnée, il avait écrit en septembre que « le gouvernement espagnol n'est pas en mesure de satisfaire aux conditions nécessaires pour faire partie d'une Europe démocratique. » Une exposition photo baptisée « La revolta de les urnes » et portant sur la lutte des Catalans pour l’indépendance a lieu actuellement au sein du Parlement flamand. La semaine dernière, elle a été inaugurée officiellement par Jan Peumans en présence notamment de l’ancien président catalan Carles Puigdemont.
Prisonniers depuis un an
La situation des prisonniers politiques catalans continue de susciter l’émoi. L’eurodéputé Mark Demesmaeker rappelle que le 16 octobre a marqué le premier anniversaire de l’emprisonnement de Jordi Sànchez et Jordi Cuixart en raison de leur implication dans l’organisation d'un référendum sur l’autodétermination. « Ils sont accusés de rébellion et encourent une peine de prison de 30 ans. C'est tout simplement scandaleux. Il est honteux que les institutions européennes ne montrent pas davantage de solidarité envers ces citoyens de l’UE enfermés de manière abusive. Nous avons organisé aujourd’hui une petite action de solidarité afin de rappeler aux dirigeants de l’UE leurs responsabilités et de montrer au monde que les deux Jordi ne sont pas seuls », explique Mark Demesmaeker.
La question catalane a été abordée le 17 octobre au sein du Parlement flamand. Les six fractions du Parlement flamand se sont rangées à l’avis de Jan Peumans. En octobre 2017 déjà, l’ensemble des fractions avaient approuvé une résolution condamnant les violences policières qui avaient fait suite au référendum du 1er octobre 2017 et appelant au dialogue.