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Bert Wollants : « L’accord avec Engie pourrait bien être le plus grand hold-up de l’histoire financière belge »
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En juillet, le gouvernement De Croo a annoncé qu’un accord avait enfin été trouvé avec l’exploitant Engie pour la prolongation des réacteurs nucléaires de Doel 4 et Tihange 3. Mais dans quelles conditions financières ? Le flou reste à peu près total. Le député fédéral Bert Wollants se dit particulièrement préoccupé par le montant qu’Engie va devoir payer pour l’élimination des déchets nucléaires. « Ces 15 milliards d’euros suffiront-ils ? Et surtout, le gouvernement belge saura-t-il gérer correctement cet argent ? Cela pourrait bien être le plus grand hold-up de l’histoire financière belge. »
« Le gouvernement Vivaldi s’est mis lui-même le couteau sous la gorge en attendant trop longtemps avant de prendre une décision quant à la prolongation des centrales nucléaires les plus récentes. Engie n’a eu aucune pitié et lui a imposé des conditions très strictes : la création d’une nouvelle entreprise énergétique avec l’État belge, un prix minimum de l’énergie élevé et une facture maximale pour l’élimination des déchets nucléaires. De Croo et compagnie n’ont pas eu d’autre choix que d’accepter », déplore Wollants.
Champagne !
« Le champagne a dû couler à flots dans les bureaux d’Engie à Paris ! Le cours de l’action a même augmenté après l’annonce de l’accord. C’est bien normal : l’entreprise a obtenu des concessions financières considérables de l’État contre une prolongation de "seulement" deux réacteurs pendant "seulement" dix ans. »
Talon d’Achille
Le talon d’Achille de l’accord est donc le coût de l’élimination des déchets. Bert Wollants : « Engie va payer 15 milliards d’euros en une fois pour une opération qui va s’étendre sur plusieurs décennies. Elle a créé une tirelire à cet effet (Synatom), mais nous sommes en Belgique : qui peut affirmer que les gouvernements suivants n’engloutiront pas cet argent, comme ce fut le cas pour le fonds de pension de Belgacom sous le gouvernement violet-vert de Verhofstadt ? Il est tout à fait probable que cela se reproduise et que les contribuables en fassent encore une fois les frais. »
Approximation
Ce chiffre de 15 milliards d’euros pour l’élimination des déchets n’est par ailleurs qu’une pure approximation. Bert Wollants : « L’estimation de 15 milliards d’euros provient de la Commission des provisions nucléaires, mais avant l’accord, la ministre Van der Straeten estimait invariablement le coût à "au moins 40 milliards d’euros". Le coût final dépendra en grande partie de la méthode de stockage géologique choisie. Les estimations augmentent en outre chaque année. En quatre ans, 3,9 milliards d’euros se sont déjà rajoutés. La construction du dépôt géologique est prévue pour 2060 au plus tôt et prendra environ 20 ans. Que vaudront alors ces 15 milliards d’euros, même si l’État résiste à la tentation de dépenser cet argent ? Je le répète : cela pourrait bien être le plus grand hold-up de l’histoire financière belge. »