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Bart De Wever : « Vivaldi est devenu un gros mot en Flandre, et c’est bien normal. »
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Bart De Wever s’est entretenu avec De Zevende Dag en marge de la Journée des famille de la N-VA. Il a évoqué la nécessité absolue de dire adieu à la Vivaldi après les élections du 9 juin et de former au plus vite un mini-gouvernement fédéral disposant d’une majorité dans chacune des entités fédérées afin de relever les défis socio-économiques actuels tout en préparant une réforme approfondie de l’État.
Pour De Wever, l’opération d’économies annoncée par le Premier ministre De Croo n’est que de l’« air guitar » (en référence à la célèbre session d’air guitar de Van Quickenborne). « À la fin de la coalition suédoise, le déficit était de 3,5 milliards d’euros. Il est désormais de 30 milliards. De quelles économies De Croo parle-t-il donc ? Je ne vois que les immenses dépenses pilotées par le PS pour les électeurs passifs, les bénéficiaires du revenu d’intégration sociale, les chômeurs de longue durée, etc. »
À propos d’une coalition Vivaldi II
« Plus personne ne veut être associé à la Vivaldi côté flamand. Même Groen et le propre parti du Premier ministre ont appuyé sur le bouton rouge lorsqu’une Vivaldi II fut évoquée lors du débat organisé par le Voka Voka, le Vlaams netwerk van ondernemingen, soit le réseau flamand d’entreprises, est une organisation flamande d’employeurs qui représente plus de 16 000 entreprises en Flandre et à Bruxelles, qui représentent 65 % de l’emploi privé. Le Voka a été institué en janvier 2004 dans le cadre de la collaboration entre le Vlaams Economisch Verbond (VEV) et les huit chambres régionales de commerce en Flandre. VOKA . On se montre évidemment plus enthousiaste côté wallon, mais ce n’est pas dans l’intérêt des Flamands. Il est temps pour les électeurs flamands de faire face aux francophones et de leur dire : fini le statu quo. Nous allons voter pour des partis qui apportent le changement et ne reviennent pas en arrière. »
À propos de la coopération avec les partis centristes flamands
« Je reste convaincu que la Flandre a besoin d’une sorte de CSU (parti de centre-droit bavarois, Allemagne). Le centre-droit doit s’unir pour former un bloc puissant au Nord, capable de gouverner, d’assumer des responsabilités et de conclure un accord avec le Sud. Un parti qui dise : il nous faut agir, nous devons opter pour le Confédéralisme Si nous voulons changer quelque chose structurellement, nous devons changer les structures. Le confédéralisme est le changement structurel qui devrait être opéré en Belgique. Dans une confédération, la Flandre et la Wallonie auraient toutes les compétences. Elles les exercent elles-mêmes, mais peuvent également décider de gérer conjointement certaines compétences au niveau confédéral, dans leur intérêt respectif. La logique est complètement inversée : au lieu de transférer certaines compétences du niveau fédéral à la Flandre et à la Wallonie, les compétences peuvent être cédées au niveau confédéral. La collaboration forcée est remplacée par une collaboration volontaire. Devoir devient vouloir. On structure à partir du bas au lieu de scinder à partir du haut. Le confédéralisme équivaut dès lors à décider ensemble ce que nous souhaitons faire conjointement. confédéralisme , mener une politique en faveur des travailleurs, réformer la politique énergétique et changer de cap en matière d’immigration. Ce sont là les quatre principaux sujets de mécontentement des Flamands. »
À propos de l’offre de Georges-Louis Bouchez
Si le président du MR Georges-Louis Bouchez souhaite former un gouvernement autour de l’axe N-VA-MR après les élections, De Wever réagit froidement à cette proposition. « Bouchez nage dans une mer rouge en Wallonie et tente de s’accrocher au bateau flamand. C’est compréhensible, mais j’ai un autre point de vue. Je regarde la Wallonie, où 70 à 80 % des gens votent à gauche, voire communiste. Il faut accepter de ne pas coopérer. C’est la seule solution structurelle pour la Flandre et la Wallonie. Les Wallons veulent une politique de gauche. C’est leur droit, mais à leurs frais. Nous n’allons pas continuer de financer la faillite de la Wallonie. »
À propos des négociations avec le PS
« La gauche wallonne refuse évidemment toute réforme. Tant qu’il restera le moindre euro sur un compte d’épargne flamand qui puisse être récupéré par le biais de l’inflation ou des impôts, ils refuseront et chercheront à maintenir cette situation le plus longtemps possible. Mais je sais pertinemment que Magnette a lui aussi une autre analyse et que le moment du "rien ne va plus" arrive. C’est aux électeurs flamands de faire passer le message. S’ils ont la moindre chance de former une coalition Vivaldi II et de continuer sur cette lancée, il est certain qu’ils le feront. Nous ne devons pas le leur permettre. »
À propos d’un mini-gouvernement fédéral
« Une fois les élections passées, le gouvernement De Croo devra céder la place à une petite équipe, un cabinet restreint soutenu par les deux entités fédérées avec des objectifs clairs en termes de budget, entre autres, et l’envie de réaliser enfin une réforme en profondeur. Toute personne dotée de bon sens sait qu’il nous faudra forcément passer par là. C’est tout à fait possible à travers un gouvernement restreint. Le gouvernement monstre actuel, qui compte pas moins de 20 excellences, n’est pas capable de mener la moindre réforme et a fait dérailler le budget. »
À propos de la formation d’un gouvernement « classique »
« Je n’ai plus aucune envie de passer plusieurs centaines de jours dans un château. Je l’ai déjà fait et j’ai bien compris que ceux qui refusent tout changement ne font que regarder l’horloge jusqu’à ce que vous tombiez de votre chaise d’ennui et que les marchés financiers vous forcent à former un gouvernement. Et c’est toujours la même chose : les petits partis flamands perdants finissent par dire qu’ils doivent prendre leurs responsabilités. On pose alors la couronne du 16 rue de la Loi au milieu de la table pour le fou qui est prêt à se la mettre sur la tête, et nous voilà repartis pour un gouvernement en minorité côté flamand. Nous avons été gouvernés sans majorité en Flandre pendant la majeure partie de ce siècle. L’entité qui paie les factures est systématiquement mise à l’écart. Pour moi, c’est terminé. Je ne l’accepterai plus. »
À propos des budgets des services de garde d’enfants flamands et de De Lijn
« Le budget flamand est sain. Si l’on souhaite une augmentation structurelle des dépenses – et je peux le comprendre pour la garde des enfants –, il faut réduire structurellement les dépenses dans d’autres domaines. Les comptes doivent rester en ordre. Je suis ouvert à des efforts supplémentaires au niveau de la garde des enfants, mais 115 millions d’euros ont déjà été injectés et l’on constate pourtant que 2 000 places ont disparu. Tout cet argent est-il correctement dépensé ? Subventionner huit fois plus l’accueil collectif par rapport à l’accueil familial est-il vraiment le bon choix ? Nous faisons fuir les acteurs du système d’accueil familial et perdons des places d’accueil. Plus d’argent, d’accord, mais la manière dont il est dépensé doit faire l’objet d’une discussion sérieuse. »
Il en va de même pour De Lijn, estime De Wever. « Si l’on souhaite dépenser plus d’un côté, il reste moins de l’autre. On ne peut pas avoir un budget flamand sain en accumulant les dépenses récurrentes. Chaque plus doit être accompagné d’un moins. Nous pensons que c’est possible. Il est possible de faire des économies pour ensuite engager des dépenses supplémentaires. C’est ce qu’on appelle une gouvernance responsable. »